A la pêche aux mots

Comment traduire en allemand des composés français ?

110 entrées pour la lettre A

Abandon de famille

Deux dictionnaires proposent une traduction : Vernachlässigung der Unterhaltspflicht (P) et Verletzung der Unterhaltspflicht (L). Le Bürgerliches Gesetzbuch (Beck-Texte im dtv, 2000) ne parle que de Verletzung der Unterhaltspflicht. Ni le corpus nancéien, ni Le monde diplomatique n’offrent d’exemples de abandon de famille, mais TAZ (Berliner Tageszeitung) contient de nombreuses occurrences de Unterhaltspflicht et du non accomplissement de ce devoir et ce toujours avec Verletzung. Y compris avec le mot composé Unterhaltspflichtverletzung, comme dans ce passage, qui a en plus l’avantage de nous montrer comment dire plainte pour abandon de famille, ce qui manque dans les dictionnaires :
« Bestand ein konkreter Verdacht auf böswilliges Nichtzahlen, habe es nur « ganz selten » eine Anzeige auf Unterhaltspflichtverletzung gegeben » (Christine Holch : « Unterhaltsflucht ist kein Kavaliersdelikt », Taz 98 06 22). Ainsi : « Als die Protokollführerin im Amtsgericht die Strafsache gegen ihn wegen Verletzung der Unterhaltspflicht aufrief, blieb die Tür zum Gerichtssaal geschlossen » (Taz, 1998 10 07) et dans le même article de K. Schneider, « Kein Kavaliersdelikt » : « weil man uns immer den Eindruck vermittelt, daß die Verletzung der Unterhaltspflicht ein Kavaliersdelikt ist ». Toutefois, on a : « Ein Kind muß für den verstorbenen Elternteil auch dann das Begräbnis bezahlen, wenn der seine Unterhaltspflicht vernachlässigte. » (Taz, 2000 1118 «in Kürze Urteil : Rabeneltern »). On peut opter aussi pour la formule : der Unterhaltspflicht nicht nachkommen. Ainsi : « Änderungen gibt es auch bei Vätern, die ihrer Unterhaltspflicht. nicht nachkommen » (Taz, 1998 0702, K. Küppers : « Mehr Sorgerechte für unverheiratete Eltern »).
 

Abandon de poste

Le dictionnaire Der militärische Dolmetscher de Rupied et Conrad (Charles–Lavauzelle, 1958) évoque : seinen Posten verlassen : abandonner son poste, mais ne parle pas d’abandon de poste. Seul un dictionnaire (L) contient une traduction du substantif : Das Verlassen des Postens.
Le corpus nancéien donne quelques occurrences pour lesquelles il y a une traduction allemande, qui à chaque fois diffère de la proposition du dictionnaire. Dans les tableaux, l’original est à gauche, la traduction à droite :
« Aussi bien, je n'allais pas rester tout seul à guetter les Prussiens, je lâche donc la lisière pour m'enfoncer dans les bois… Abandon de poste devant l'ennemi, fit observer le vétérinaire. » (M. Aymé, La jument verte, p. 61)« So verzog ich mich denn vom Waldrand und schlug mich weiter in den Wald hinein..."Feige Pflichtvergessenheit vor dem Feind und Aufgabe des Postens", warf der Veterinär tadelnd ein. » (Die grüne Stute, p. 42)
  
« Qui aurait bien besoin d'une aide. D'une grand-mère. Vous êtes coupable d'abandon de poste. Et l'Autre, ripostez-vous, Superwoman ? Qui n'a ni mari, ni fille. » (Nicole de Buron, Qui c’est, ce garçon ?, p. 283)« Und diese Frau könnte recht gut eine helfende Hand brauchen. Die einer Großmutter. Die Anklage lautet also auf Desertion. Ja, und die andere?" kontern Sie. "Wie wäre es mit Superwoman, die weder Ehemann, (…) » (Und dann noch grüne Haare, p. 302)
  
On constate que les traducteurs d’œuvres romanesques ne se sentent pas toujours liés par ce qui est considéré comme le terminus technicus, ici le terme technique militaire. En soi, un abandon de poste n’est pas une désertion, mais en l’occurrence, cette traduction convient dans la mesure où elle est dans le ton du texte. Cette différence entre traduction technique et traduction littéraire sera l’un des leitmotive de ce travail.
 

Abus de confiance

Les dictionnaires ne s’accordent que partiellement dans leurs propositions : der Vertrauensbruch, die Unterschlagung (WM), die Untreue, die Veruntreuung (L), der Vertrauensmißbrauch, die Veruntreuung, die Unterschlagung (G), der Vertrauensmissbrauch, der Vertrauensbruch (P). Que font les traducteurs ? Ils optent pour der Vertrauensbruch. Peut-être notre corpus n’est-il pas assez riche pour faire usage de toutes les suggestions des dictionnaires, mais peut-être ces suggestions, dans la mesure où elles s‘écartent de der Vertrauensbruch, ne correspondent-elles pas à notre abus de confiance ?
L’exemple suivant nous enseigne l’expression commettre un abus de confiance :
« Und von Baum zu Baum eilend wie ein Soldat unter Feuer, stahl sich Augustin vom Gelände. Vertrauen hatte er mißbraucht, was zählte da noch ein Schülervergehen » (B. Kirchhoff, Infanta, p. 266)« Courant d'arbre en arbre, comme un soldat sous la mitraille, Augustin fila. Il avait commis un abus de confiance, qu'était-ce au regard de cela que de sécher un cours ? » (p. 268)
  
Indubitablement, ce sont le substantif (der Vertrauensbruch) et la locution verbale (das Vertrauen mißbrauchen) qui ont la préférence.
 

Abus de droit

Le Deutsches Universalwörterbuch ne connaît pas der Rechtsmissbrauch, bien que ce mot figure dans des articles de Taz, par exemple, et qu’il s’agisse d’une notion juridique en pleine expansion, surtout dans le droit fiscal français. Aussi est-il regrettable que les dictionnaires F-A ignorent abus de droit.
Voici deux exemples tirés du Bürgerliches Gesetzbuch (Beck-Texte im dtv, édition 2000). D’abord : « Ein weiteres Anliegen der Rechtsprechung war und ist die Begrenzung formal gegebener Rechtspositionen durch das Verbot des Rechtsmißbrauchs » (p. XXIII). Le second exemple est intéressant grâce à l’emploi de l’adjectif dérivé : « Hat jedoch der Schuldner das begründete Vertrauen des Gläubigers erweckt, sein Anspruch werde auch ohne gerichtliche Geltendmachung befriedigt, so ist die spätere Berufung des Schuldners auf Verjährung unzulässig, weil rechtsmißbräuchlich. » (p. XXIV) (= parce qu’elle constitue un abus de droit).
(Ce mot ne figure pas dans la liste des mots composés de TLFNOME.)
 

Abus de pouvoir

Chose curieuse, le Deutsches Universalwörterbuch ignore der Amtsmissbrauch (WM et P), bien que ce mot se trouve fréquemment dans la presse (Taz, Die Zeit, Der Spiegel). C’est d’ailleurs plus souvent par Machtmissbrauch que par Amtsmissbrauch que Taz traduit les abus de pouvoir des articles du Monde diplomatique. Pons distingue bien entre le premier : abus de pouvoir par un fonctionnaire, et le second : abus de pouvoir d’un tyran. Sont proposés aussi der Missbrauch der Machtbefugnisse (P), die Amtsanmaßung, die Übertretung der Amtsbefugnis et der Missbrauch der Amtsgewalt (G). Mais le plus intéressant est de noter que les traducteurs traduisent parfois par abus de pouvoir un autre mot que ceux cités par les dictionnaires.
« Sein Vorbild war der frühere Gouverneur der Provinz, ein Mann mit Maßanzügen, Schweizer Uhren und Flugzeug, den auf der Südinsel jeder kannte; Amtsmißbrauch und Predigten Gregorios hatten ihn um seine Wiederwahl gebracht ». (B. Kirchhoff, Infanta, p. 38)« Son modèle était l'ancien gouverneur de la province, un homme qui avait des complets sur mesure, des montres suisses et un avion, et que tout le monde connaissait sur l'île du Sud ; ses abus de pouvoir et les sermons de Gregorio lui avaient valu de n'être pas réélu.» (p. 40)
  
Cet exemple est intéressant dans la mesure où le traducteur a reculé devant le pluriel français. Mais on sait que l’allemand ne met pas aussi aisément au pluriel que notre langue et d’ailleurs le Deutsches Universalwörterbuch ne donne pas de pluriel, alors que Bertaux et Lepointe ainsi que Grappin (mais pas Pons) indiquent die Mißbräuche. Le traducteur nous invite donc à garder le singulier, mais on pourrait, si l’on tient à garder l’indication de pluralité, traduire par mehrmaliger ou häufiger Amtsmißbrauch). Mais pas de Amtsmißbrauch dans ces deux exemples :
« Ich könnte es so arrangieren, daß Sie bei sämtlichen Mordanschlägen nicht erwähnt würden. Würde Ihnen doch gefallen, von nichts gewußt zu haben, oder? Georg Hosch, ahnungslos hineingeschlittert in die verbrecherischen Machenschaften eines Vorgesetzten, der ihn unter Druck oder mit falschen Erklärungen zum Drogendiebstahl angehalten hat. Und die Anklage wegen Mitwisserschaft bei drei Morden wäre vom Tisch. » (J. Arjouni, Happy birthday Türke, p. 154)« Je pourrais m'arranger pour que vous ne soyez impliqué dans aucun des assassinats. Ce serait chouette de n'avoir été au courant de rien, pas vrai ? Georg Hosch, l'innocente victime des machinations diaboliques de son supérieur, entraînée par abus de pouvoir ou par mensonge dans le vol de drogues. Et voilà une inculpation pour complicité dans trois affaires de meurtre qui s'évapore. » (Bonne fête, le Turc ! , p. 187)
  
« Ich habe nichts gegen die Beschlagnahme der Zigarre", sage ich. "Es ist rohe Gewalt, und mehr kennst du ehemaliger Unteroffizier ja nicht vom Leben. Aber wozu die Zigarrenspitze ? Ich bin kein Syphilitiker. » (E.-M. Remarque, Der schwarze Obelisk, p. 13)« Je n'ai rien contre ce procédé de confiscation, dis-je. Simple abus de pouvoir. Tout le monde sait qu'un ancien sous-off peut difficilement se conduire en gentilhomme. Mais pourquoi le fume-cigare ? Je ne crois pas avoir la vérole. » (L’obélisque noir, p. 6)
  
 

Accélérateur de particules

Tous les dictionnaires qui donnent cette entrée s’accordent sur der Teilchenbeschleuniger, avec la possibilité d’omettre Teilchen si le contexte est clair, possibilité générale (par ex. : mein Rad pour mein Fahrrad). Le Deutsches Universalwörterbuch propose aussi der Akzelerator. On observe la double tendance de l’allemand, d’un côté, la tendance à créer sa propre terminologie scientifique (der Beschleuniger), de l’autre celle à adopter la terminologie internationale (der Akzelerator).
 

Accident de la circulation (de la route)

Là aussi, l’accord est quasi général : der Verkehrsunfall, seul un dictionnaire propose das Verkehrsunglück (WM).
Pas d’occurrences dans le corpus nancéien pour accident de la circulation, mais un exemple traduit de l’allemand par accident de la route :
« Wohnt Ihr Vater nicht bei Ihnen zuhause ? » « Nein. Er starb vor drei Jahren, bei einem Autounfall. » (J. Arjouni, Happy birthday Türke ! , p. 16)« Votre père habite avec vous ? » «Non. Il est mort dans un accident de la route, il y a trois ans. « (Bonne fête, le Turc ! , p. 21)
  
On remarque que l’allemand (selon son habitude) est plus explicite que le français : cet accident est un accident d’auto.
Certes, un accident d’auto est un accident de la route, mais la réciproque n’est pas vrai : un accident de la route peut-être aussi un accident de moto (Motorradunfall) ou de bicyclette : « Wir wissen außerdem, daß es einmal zu dem Ehemann der Frau, deren Kind es ist, gesagt hat, als dieser nach einem Fahrradunfall mit einer Gesichtsverletzung in der Haustür stand: "Du siehst ja aus wie Quasimodo." (TAZ 98 05 09). Mais en l’occurrence (l’exemple d’Arjouni), qu’importe pour le traducteur français : l’homme a eu un accident sur une route et il en est mort ! C’est aussi ein Verkehrsunfall (me confirme une informatrice germanophone) quand un piéton meurt renversé par un véhicule.
 

Accident de parcours

das Missgeschick (Robert/Collins)
 

Accident de travail, accident du travail

L’accord des dictionnaires se fait sur Arbeitsunfall. Mais le traducteur de M. Pagnol choisit une autre solution : contrairement à ce qu’on observe d’ordinaire, il opte pour la syntaxe (complément circonstanciel bei der Arbeit) alors que le français choisit le lexique.
« C'était un ancien bûcheron, qui était devenu manchot, à la suite d'un accident de travail. » (M. Pagnol, La gloire de mon père, p. 131)« Er war ein alter Holzfäller, der bei der Arbeit durch einen Unglücksfall einen Arm verloren hatte.» (Der Ruhm meines Vaters, p. 81).
  
Ici comme pour la traduction d’accident d’auto, le traducteur littéraire ne se sent pas tenu à la même exactitude et à la même précision que le traducteur de la langue technique. Le lecteur allemand rectifiera de lui-même : cet accident a dû se produire alors que le bûcheron exerçait son métier.
 

Accusateur public

Le Langenscheidt indique qu’il s’agit d’une dénomination qui fait référence à l’Histoire (en l’occurrence à la Révolution française et à Fouquier-Tinville) et il traduit : öffentlicher Ankläger. Balzac emploie encore accusateur public dans Une ténébreuse affaire, qui se passe en 1806. Mais on parle encore de ministère public pour désigner l’accusation. Staatsanwalt, proposé par ailleurs (G), désigne aujourd’hui le substitut du procureur de la République.
 

Accusé de réception

Deux traductions sont proposées par les dictionnaires bilingues : die Empfangsbestätigung et die Empfangsbescheinigung. Le monolingue Deutsches Universalwörterbuch les donne comme synonymes.
« Die Kopien zeigen unter anderem Herrn Direktor in Uniform, verschiedene Erlasse des Herrn Direktors aus den Jahren 1941 bis 1944 und eine Empfangsbestätigung des sogenannten Ns-Reichsschatzmeisters über den Erhalt von Reichsmark einhunderttausend als Spende für SA und SS.» (M. Simmel, Es muß nicht immer Kaviar sein, p. 13)« Entre autres, il y a parmi ces copies un portrait de monsieur le directeur en uniforme, plusieurs décrets signés par monsieur le directeur au cours des années 1941 à 1944, ainsi qu'un accusé de réception du trésorier général du parti national-socialiste concernant une donation de cent mille marks au profit des SA et des SS. » (p. 20)
  
Ce choix libre entre deux termes n’implique nullement qu’il faille toujours traduire par l’un ou l’autre. Ainsi : lettre avec accusé de réception se traduit par Brief, Schreiben mit Rückantwort (Dictionnaire économique, commercial et financier de J. Boelcke, B. Straub et P. Thiele, Presses Pocket). Le Dictionnaire commercial et financier de J.V. Servotte (Marabout) donne aussi Empfangsanzeige : « n’attendons pas d’accusé de réception : Empfangsanzeige wird nicht erwartet ».
 

Acier trempé

La traduction technique des dictionnaires est gehärteter Stahl (G, P, L). Cette traduction fait-elle l’affaire des traducteurs littéraires ?
« Elle est persuadée qu'un jour prochain, à elle seule, elle vaincra les bourreaux. Chaque pouce de sa peau, chaque muscle, chaque circonvolution de son cerveau devient acier trempé. » (J. Canolle, La maison des esclaves, p. 266)« Sie ist davon überzeugt, daß sie eines Tages, in nicht allzu ferner Zukunft, ganz allein diese Henker besiegen wird. Jeder Zoll ihrer Haut, jeder Muskel in ihrem Körper und jede Windung ihres Gehirns werden hart wie Stahl. » (Die Mulattin, p. 264)
  
Autre transformation sidérurgique :
« Il m'a regardé. Ensuite il a regardé le jeune flic qui se tenait toujours en position, un œil fermé, sans frémir d'un poil de millimètre, les jambes fléchies. Ces types-là devaient avoir des cuisses en acier trempé. » (Ph. Djian, 37, 2 le matin, p. 186)« Er guckte mich an. Dann guckte er den jungen Bullen an, der immer noch in der gleichen Haltung stand, ein Auge zugekniffen, ohne auch nur einen Millimeter zu zucken, die Beine durchgedrückt. Diese Typen mußten Oberschenkel aus Gußeisen haben. » (Betty blue, p. 195)
  
Krupp et Thyssen dussent-ils se retourner dans leur tombe, des cuisses en fonte, ce n’est pas rien ! D’ailleurs, les auteurs français emploient aussi le mot fonte comme synonyme d’acier pour exprimer la solidité. Ainsi Huysmans : « C’était miss Urania, une Américaine, au corps bien découplé, aux jambes nerveuses, aux muscles d’acier, aux bras de fonte. » (A rebours, IX). Les textes anciens préféraient le bronze ou l’airain.

Par exemple : « Ma force est-elle une force de pierre ? Mon corps est-il d’airain ? »« Ist doch meine Kraft nicht steinern und mein Fleisch nicht ehern. » (La Bible, Job /6/12, traduction de Louis Segond et de Martin Luther. La traduction néerlandaise, plus récente, puisque révisée en 1995 (Katholieke Bijbelstichting, ‘s-Hertogenbosch) est : « Ben ik van steen ? Is mijn vlees van ijzer ? » Or, ijzer signifie fer !
 

Acquit de conscience, par

zur Beruhigung des Gewissens (Robert/Collins)
 

Acte d’accusation

Les dictionnaires s’accordent sur die Anklageschrift. Le traducteur de Balzac se contente de die Anklage dans l’exemple suivant :
« La Pouraille avait enterré deux cent cinquante mille francs d'or, sa part du butin fait chez les époux Crottat, en style d'acte d'accusation. » (Splendeurs et misères des courtisanes, p. 537) « La Pouraille hatte zweihundertfünfzigtausend Francs in Gold vergraben, seinen Anteil an der Beute, die bei den Eheleuten Crottat (im Stil der Anklage) gemacht worden war. » (Glanz und Elend der Kurtisanen, p. 470)
  
C’est aussi Anklage et Anklage[akte] que donne Bertaux et Lepointe.
 

Acte de chair, acte charnel

Der Geschlechtsakt, c’est ce que proposent Langenscheidt et le Deutsches Universalwörterbuch (celui-ci le donnant comme synonyme de Liebesakt). C’est aussi Liebesakt que choisit le traducteur de Manchette :
« Griselda Zapata, bien vivante, et Lyssenko qui ne l'était pas moins, se trouvaient dans le plus simple appareil et se livraient à l'acte de chair d'une manière extrêmement étrange, à l'aide d'un lit aà baldaquin et d'un trapèze. » (J.P. Manchette, Morgue pleine, p. 196 )« Eine quicklebendige Griselda Zapata und ein nicht weniger vitaler Lyssenko waren splitterfasernackt und gaben sich auf besonders eigenartige Weise dem Liebesakt hin, mit Hilfe eines Himmelbetts und eines Trapezes. » (Sieben Stufen zum Himmel, p. 160)
  
 

Acte de foi

Le Grappin propose : das Glaubensbekenntnis, le Langenscheidt et le Pons : der Glaubensakt. Une autre traduction, Bekenntnis seul, nous est donnée dans Taz par le traducteur du Monde diplomatique :
« Le bureau politique du FLN avait décidé que ce voyage aux Nations unies devait être suivi d'une visite à Cuba. Plus que d'une visite, il s'agissait surtout d'un acte de foi marquant nos engagements politiques. » (A. Ben Bella : « Ainsi était le ‘Che’ », oct. 97, p. 3)« Das Politbüro der FLN hatte beschlossen, daß im Anschluß an diese Reise zu den Vereinten Nationen ein Besuch auf Kuba erfolgen sollte. Dieser Besuch sollte zugleich ein Bekenntnis sein : Algerien wollte öffentlich seine vorbehaltlose Solidarität mit der kubanischen Revolution bekunden. » (Taz 971017.359)
  
Un second exemple tiré du Monde diplomatique (11/1999/p.12) propose une autre traduction :
« La mère de Mohamed Assaf vit la mort de son fils comme un acte de foi. » (W. Charara, M. da Silva : « Résistance obstinée au Liban sud », nov. 99, p.13)« Für die Mutter von Mohammad Assaf ist der Tod ihres Sohnes ein Zeugnis des Glaubens. » (T 991112.214)
  
 

Acte de naissance

Dictionnaires et corpus nancéien sont unanimes pour die Geburtsurkunde. Ce terme de Urkunde s’associe volontiers à tout acte officiel. On a ainsi Heiratsurkunde pour acte de mariage. Toutefois pour acte de naissance, le Weis/Mattutat et le Pons donnent aussi : der Geburtsschein.
 

Acte de propriété

Seul Weis-Mattutat nous indique une traduction : die Eigentumsurkunde. Pas d’occurrence de ce mot dans le corpus nancéien ni dans Le Monde diplomatique.
 

Acte manqué

Les dictionnaires qui s’intéressent à ce concept proposent tous die Fehlleistung. Le corpus nancéien traduit par acte manqué l’original allemand die Fehlhandlung.
« Ein Spätentwickler. Sofern seine Tat nicht eine Fehlhandlung gewesen sei, schränkte Butterworth ein. Seit Gussmanns Begräbnis dachte er in psychologischen Begriffen. » (B. Kirchhoff, Infanta, p. 342)« Mieux vaut tard que jamais. A moins que son action n'ait été qu'un acte manqué, observa Butterworth. Depuis l'enterrement de Gussmann, il pensait en termes psychologiques. » (Infanta, p. 346)
  
Ni Taz (jusqu’en 2000) ni le Deutsches Universalwörterbuch (qui indiquent tous deux die Fehlleistung) ne connaissent die Fehlhandlung, qui figure cependant dans le Duden en six volumes (Das große Wörterbuch der deutschen Sprache).
 

Action d’éclat

Le Grappin donne die glänzende Tat. Le Langenscheidt propose die Glanzleistung. Lui et le Pons : das Glanzstück. Le corpus nancéien contient d’autres possibilités. D’abord, il y a die Heldentat :
« Tout rentrait lentement dans l'ordre. La troupe avait plié bagage, rappelée d'urgence après sa triste action d'éclat » (G. Chevallier, Clochemerle, p. 400)« Alles kehrte allmählich zur alten Ordnung zurück. Das Militär hatte seine Sachen gepackt und war nach seiner traurigen Heldentat eiligst abberufen worden » (p. 288)
  
Certes une action d’éclat n’est pas forcément un acte d’héroïsme, mais l’exagération ‘épique’ convient bien au caractère parodique de l’œuvre. D’ailleurs, c’est aussi die Heldentat que choisit le traducteur de J. Cocteau :
« Il avait dit à Clémence qu'il souffrait de son genou à cause d'un éclat de l'obus qui avait fracassé la cuisse du général d'Ancourt. Cet éclat devint une action d'éclat. Son héroïsme lui valait place d'homme, et son image d'Épinal lui ouvrait les cœurs. » (Thomas l’Imposteur, p. 63)« Er hatte Clémence gesagt, er habe Schmerzen am Knie, von einem Splitter jener Granate, die den Oberschenkel des Generals d'Ancourt zerschmettert hatte. Dieser Splitter wurde zu einer wahren Heldentat. Sein Heroismus reihte ihn unter die Männer ein, und seine Bilderbogengeschichte schloß ihm alle Herzen auf. » (Thomas der Schwindler, p. 43)
  
On constate que le pauvre traducteur n’a pas rendu le jeu de mots. Mais était-ce possible ? On a là l’exemple même de la locution : «jeu de mots impossible à traduire en français ». Ici en allemand !
D’autres traducteurs mettent l’accent soit sur l’idée de grandeur de l’acte :
« Dès sa première enfance, il avait eu des moments d’exaltation. Alors il songeait avec délices qu’un jour il serait présenté aux jolies femmes de Paris ; il saurait attirer leur attention par quelque action d’éclat. » (Le rouge et le noir, p. 36)« Schon in seiner frühesten Kindheit erlebte er Augenblicke überschwenglicher Schwärmerei. Voll Entzücken träumte er davon, wie er einmal vor die schönen Frauen in Paris hintreten und ihre Aufmerksamkeit durch irgendeine großartige Tat auf sich lenken werde. » (Rot und Schwarz, Winkler Verlag, p. 33)
  
Soit sur son caractère brillant, sur son éclat lumineux. Voici comment le même passage est traduit dans l’édition dtv Dünndruck-Ausgabe : « Von früher Kindheit an hatte er Augenblicke der höchsten Entrückung gehabt, in denen er hingerissen daran dachte, daß er sich eines Tages den hübschsten Frauen von Paris vorstellen lassen werde ; er schwor, durch irgendeine blendende Handlung ihre Aufmerksamkeit auf sich ziehen zu wollen. » (p. 33)
 

Action de masse

Rien dans les dictionnaires F-A. Force nous est de nous rabattre sur le corpus, car le Deutsches Universalwörterbuch ne propose que Massenkundgebung et Massenveranstaltung, qui ne sont que des formes d’action de masse. Le corpus ne nous donne que l’exemple suivant, peut-être tendancieux, car une action de masse n’est pas forcément «gewalttätig». Mais, dans le contexte (de toute violence) c’est bien de cela qu’il s’agit :
« J’y avais nourri mon horreur spontanée de la guerre et de toute violence de masse. De toute violence. De toute action de masse. Je suis une bête solitaire. » (F. Cavanna, Les Russkoffs, p. 199)« Das war Futter für meinen ganz spontanen Abscheu vor dem Kriege und jeder massenhaften Gewalt. Vor jeder Gewalt. Ich bin ein einsamer Wolf. » (Das Lied der Baba, p. 227)
  
Toutefois Taz (1994-2000) donne 5 occurrences de die Massenaktion. C’est bien d’action de masse qu’il s’agit dans « Geliebte Irrtümer » (Ch. Semler : Taz 990113. 142) : « die Streitfragen zwischen Lenin und Rosa um die Rolle der Partei, um die ausschlaggebende Bedeutung der proletarischen Massenaktion ». De même : « Den ersten Termin für einen Gewaltausbruch scheint Nigeria vorerst zu umschiffen, nachdem der Dachverband der nigerianischen Demokratiebewegung (…) gestern früh eine für heute geplante « Massenaktion » in Nigerias größter Stadt Lagos absagte » (D. Johnson , Das Warten auf Abacha macht Nigeria nervös », Taz 980318. 114). Donc les traductions les plus simples existent.
 

Action en recours

A une exception, ni dictionnaires ni corpus ne proposent rien. L’exception est le Weis-Mattutat (W/M) qui donne, non pas action en recours, mais action de recours : die Regreßklage, die Klage auf Ersatz.
 

Administration publique

Bertaux et Lepointe (B/L) propose die Landesverwaltung, qui traduit, selon Grappin, administration d’un pays. On trouve dans Pons (P) : die öffentliche Verwaltung, tandis que le Deutsches Universalwörterbuch (DU) donne : die Staatsverwaltung. Il y a dans les traductions du Monde diplomatique dans la Taz ces deux traductions :
« L’administration publique n’a pas à se montrer charitable (…)Guerre aux pauvres ! », E. Galeano, août 1996, p. 6)« Der öffentlichen Verwaltung gelingt es nur äußerst selten, sich als wohltätige Beschützerin zu verkleiden (…) » (T960816.252)
  
« Mais il s’explique surtout par le déséquilibre entre une administration publique pléthorique (…) » («L’exception italienne », Rossana Rossanda, déc.98, p. 6)« Doch erklärt sie sich vor allem aus dem Ungleichsgewicht zwischen einer aufgeblähten Staatsverwaltung (…) » (T981211.435)
  
Mais une autre traduction est possible :
« La loi américaine de 1974 sur le respect de la vie privée par l’administration publique (Privacy Act) n’a jamais pu être étendue au privé (…) » (« Ruée sur l’intime », D. Duclos, août 1999, p.16)« Die Geltung des US-amerikanischen Gesetzes von 1974 zum Schutz der Privatsphäre vor staatlichen Eingriffen (Privacy Act) macht vor dem privaten Sektor der Wirtschaft Halt (…) » (T990813.316)
  
Ici le mot der Eingriff tend à indiquer le danger que peut représenter l’administration publique (ici représentée par l’épithète staatlich), mais le contexte justifie tout à fait cette interprétation du traducteur.
 

Affaire d’État

Cette entrée comporte en fait deux aspects ; d’un côté, le sens propre : une affaire qui concerne l’État, de l’autre l’expression : ‘en faire une affaire d’État’ pour souligner qu’on attache une très (trop) grande importance à une chose. Seul Pons distingue bien les deux sens, dont la traduction est différente.
1. affaire qui concerne l’État
Certains (B/L) proposent das Staatsgeschäft, mais ce mot correspond pour Langenscheidt à affaires de l’État : Staatsgeschäfte, dont le Deutsches Universalwörterbuch donne la définition suivante : « mit der Leitung des Staates in Zusammenhang stehendes Geschäft », donc une affaire qui se situe au niveau de la conduite de l’État. La traduction la plus souvent proposée (G, P) est die Staatsangelegenheit, Pons faisant précéder ce mot de [wichtige]. Die Staatsangelegenheit manque dans le Deutsches Universalwörterbuch, Die Zeit (1997) n’en donne pas d’exemples, ni le Spiegel de 1999, mais ce mot figure dans Taz.
2. affaire à laquelle on accorde très (trop) d’importance (familier)
Weis-Mattutat se contente de : das ist äußerst wichtig. Pons est plus proche du français avec : jd macht daraus ein Staatsaffäre [o Staatsaktion], que le Deutsches Universalwörterbuch met en correspondance avec Haupt- und Staatsaktion : eine Haupt- und Staatsaktion aus etwas machen, en référence aux sujets traités dans les pièces allemandes des 17 et18 èmes siècles.
Que propose la traduction dans Taz des articles du Monde diplomatique pour le premier sens de affaire d’État ?
« Alors qu’en Espagne les 28 meurtres commis par les GAL sont devenus une grave affaire d’État (…) » (« La Turquie – plaque tournante du trafic de drogue », Kendal Nizan, juil. 98, p.13)« Während sich in Spanien die 28 Morde der GAL-Todesschwadronen zu einer Staatsaffäre ausweitete (…) » (T980710.388)
  
« De même prête à sourire le catéchisme libéral selon lequel la corruption est affaire d’État (…) » (« Les beaux jours de la corruption à la française », Ch. de Brie, avril 1997, p. 19)« Ein mildes Lächeln verdient auch der liberale Katechismus, wenn er verlautbart, die Korruption sei eine staatliche Angelegenheit (…) » (T970411.179)
  
La conclusion est que, cette fois aussi, les traducteurs et les dictionnaires ne coïncident pas toujours. Il n’est pas exclu que parfois le traducteur se laisse influencer par l’original français, d’autant que la traduction journalistique doit être livrée rapidement.
 

Affaire d’honneur

Seul Pons propose une traduction : C’est une question [o affaire ] d’honneur : das ist [eine] Ehrensache. Die Ehrensache se trouve aussi dans le Deutsches Universalwörterbuch. Quant au corpus nancéien (Le Monde diplomatique compris) il ne donne qu’un seul exemple, tiré du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne :
« Le dernier wagon n'était occupé que par une dizaine de voyageurs. Le conducteur leur demanda s'ils voulaient bien, pour quelques instants, laisser la place libre à deux gentlemen qui avaient une affaire d 'honneur à vider. » (p. 173)« Dort saßen kaum zehn Personen, die gebeten wurden, freundlicherweise für ein paar Minuten Platz zu machen, damit die beiden Herren einen Ehrenhandel austragen konnten. » (Reise um die Erde in 80 Tagen, p. 214)
  
Der Ehrenhandel, c’est ce que proposait aussi (à côté de Ehrensache) le Bertaux et Lepointe. Le corpus allemand contient 13 Ehrensache, dont un correspond à question d’honneur et dont d’autres (dans la mesure où il s’agit de traductions du français) correspondent à point d’honneur.
 

Affaire de cœur

Les traductions préférées des dictionnaires F-A sont die Herzenssache et die Herzensangelegenheit, mots qu’on trouve également dans le Deutsches Universalwörterbuch. Mais on a aussi, chez Bertaux et Lepointe, der Liebeshandel, et chez Pons die Liebschaft quand il s’agit d’une liaison.<br>Un seul exemple dans Le Monde diplomatique, mais sans traduction dans Taz. Le corpus nancéien ne donne qu’une occurrence :
« Elle était toujours bien habillée, et bien jolie. Elle m'avait laissé un mois sans nouvelles à cause d'une affaire de cœur, à ce que j'ai compris. » (J.-P. Manchette, Morgue pleine, p. 249)« Sie kleidete sich immer noch gut und war sehr hübsch. Sie hatte mich einen Monat ohne Nachricht gelassen, wegen einer Liebesgeschichte, soweit ich verstand. » (Sieben Stufen zum Himmel, p. 205)
  
Encore une fois, le traducteur semble faire un pied de nez aux dictionnaires : c’est qu’il s’adapte à son texte et ici, die Liebesgeschichte convient tout à fait.
 

Affaire de famille

Cette fois, dictionnaires F-A, dictionnaire monolingue et corpus s’accordent sur die Familienangelegenheit :
« Dans cette affaire de famille, comme dans celles de la politique, le marquis avait des aperçus brillants dont il s'enthousiasmait pendant trois jours. » (Stendhal, Le rouge et le noir, chap. XXXIV)« Es ging dem Marquis in dieser Familienangelegenheit wie in der Politik : er machte glänzende Randbemerkungen, die ihn drei Tage in Atem hielten. » (Rot und Schwarz, dtv Dünndruck-Ausgabe, p. 516)
  
« Le scandale de l'église était une affaire spécifiquement clochemerlienne, ne concernant que des initiés, une affaire de famille en quelque sorte. » (G. Chevallier, Clochemerle, p. 207)« Der Skandal in der Kirche war eine Angelegenheit, die nur Eingeweihte anging, sozusagen eine Familienangelegenheit. » (Clochemerle, p. 148)
  
 

Affaire de mœurs

Des dictionnaires F-A, seul Pons propose deux traductions, l’une quand il s’agit d’un scandale : der Sittenskandal, l’autre quand il s’agit d’un délit : das Sittlichkeitsverbrechen. Le terme générique d’infraction aurait mieux convenu, car ein Verbrechen n’est pas un délit, mais un crime (1) et d’ailleurs le Deutsches Universalwörterbuch définit das Sittlichkeitsverbrechen comme schwere Sexualstraftat, tandis que la définition qu’il donne de das Sexualdelikt est seulement Sexualstraftat.
Le corpus nancéien ne contient aucune occurrence de affaire de mœurs, mais il y en a une dans Le Monde diplomatique, traduite dans Taz :
« Par effet de halo, la surveillance de tous les prisonniers «tombés » pour affaire de mœurs, si bénigne soit-elle, s’est resserrée au point (…) » (L. Wacquant, « Traque des ex-délinquants sexuels aux Etats-Unis », déc. 99, p. 25)« Aus dieser Stimmungslage heraus wurde die Überwachung aller einschlägig Veerurteilten, selbst bei geringfügigen Sittlichkeitsdelikten dahin gehend verschärft (…) » (T991217.269)
  
Dans le même article, Sittlichkeitsdelikt traduit aussi : atteinte aux mœurs.

Note : Dans le droit français (Code Pénal, art 1er), un délit est une infraction que les lois punissent de peines correctionnelles, tandis qu’un crime est une infraction que les lois punissent d’une peine afflictive ou infamante.
 

Affaires courantes

Bertaux et Lepointe, Grappin (G) et Pons proposent die laufenden Geschäfte. Le corpus nancéien ne contient qu’un seul exemple traduit en allemand :
« Il les voit vaquer aux affaires courantes comme s'ils étaient à Thionville ou Besançon et s'étonne de la superficialité de leur comportement vis-à-vis de la traite des esclaves. » (J. Canolle, La maison des esclaves, p. 114)« Er sieht, wie sie alle ihren täglichen Geschäften nachgehen, als seien sie in Thionville oder Besancon, und er wundert sich über die Oberflächlichkeit ihres Verhaltens angesichts des Sklavenhandels. » (Die Mulattin, p. 111)
  
Donc, une fois de plus le traducteur ne se règle pas sur les dictionnaires mais sur l’original. C’est encore un autre choix qu’opère le traducteur de Taz :
« Avec pour mission de maintenir l’ordre et de gérer les affaires courantes en relation avec les autorités locales (…) » (Le Monde diplomatique, R. Paringaux, «Lourdes séquelles au Timor-Oriental », mai 200, p.22)« Ihre Aufgabe ist es für Ordnung zu sorgen und die laufenden Angelegenheiten gemeinsam mit den Behörden vor Ort zu regeln (…) (T00512.76)
  
Encore une autre traduction :
« Le problème est qu’il a complètement gâté son fils en lui donnant le pouvoir absolu dans la gestion des affaires courantes alors qu’il était encore relativement jeune. » (Selig S. Harrison, Le Monde diplomatique, «Derrière la façade du régime de Pyongyang », sep. 1998, p. 13)« Das Problem ist nur, daß er seinen Sohn verzogen hat, in dem er ihm schon in relativ jungen Jahren die Tagesgeschäfte des Landes anvertraute. » (T980911.428)
  
Alors que la traduction d’affaires hésite entre Geschäfte, Tätigkeit et Angelegenheit, celle de courantes, à côté de laufend, insiste sur le caractère quotidien de l’activité : täglich, Tages…
 

Affaires étrangères

Il faut d’abord distinguer le mot affaires étrangères des locutions ministre des affaires étrangères, dont la traduction est der Außenminister (défini : Minister für auswärtige Angelegenheiten par le Deutsches Universalwörterbuch) et Außenministerium = Ministerium für auswärtige Angelegenheiten, appelé aussi das auswärtige Amt (abrégé en AA). Pour affaires étrangères, seul Weis-Mattutat propose une double traduction : auswärtige Angelegenheiten et die Außenpolitik, tandis que Sachs-Villatte (S/V) ne donne que auswärtige Angelegenheiten.
Le corpus français de Nancy contient essentiellement des occurrences avec ministre (ou ministère) des affaires étrangères, tout comme Le Monde diplomatique. Voici pourtant un exemple :
« Je suis placé pour le savoir. C'est dans la presse, section des affaires étrangères, que j'ai commencé ma carrière. Décidément, messieurs, nous pouvons filer. Nous désarmerons une autre fois. Allons nous occuper de Clochemerle. » (G. Chevallier, Clochemerle, p. 388)« Ich weiß da Bescheid. Ich habe selbst in der Presse, Sparte Außenpolitik, angefangen... Dann können wir also abdampfen, meine Herren. Abrüsten werden wir ein andermal. Jetzt wollen wir uns mal mit Clochemerle beschäftigen. " (p. 279)
  
 

Âge d’or

Dictionnaires (W/M, G, P) et traducteurs (de Pagnol, de Sauzay, de Zola) s’accordent sur goldenes Zeitalter. Voici un exemple :
« Et les idées semées par Etienne poussaient, s'élargissaient dans ce cri de révolte. C'était l'impatience devant l'âge d'or promis, la hâte d'avoir sa part du bonheur, au-delà de cet horizon de misère, fermé comme une tombe. » (Germinal, p. 247)« Und die von Etienne gesäten Ideen gingen auf und griffen mit diesem Aufruhrschrei um sich. Das ungeduldige Verlangen nach dem verheißenen goldenen Zeitalter war es, die Hast, seinen Anteil am Glück dort, jenseits dieses wie ein Grab verschlossenen Horizonts des Elends, zu erlangen. » (Germinal, p. 257)
  
Toutefois, Pons propose aussi : die Blütezeit et Bertaux et Lepointe : das goldene Weltalter, die goldene Zeit.
Sachs-Villatte a le mérite de proposer la série suivante : âge d’airain, d’argent, de fer, d’or : das Eherne, Silberne, Eiserne, Goldene Zeitalter.
 

Âge de pierre, âge de la pierre

Là aussi, on constate l’accord entre les dictionnaires (W/M, P) et les traducteurs : die Steinzeit :
« Wir können die Antike aus unsern Augen, aber nicht aus unserm Blut verlieren. Wer eine römische Arena, einen griechischen Tempel, die ägyptischen Pyramiden und ein hilfloses Werkzeug aus der Steinzeit gesehn hat, muß es wissen. » (J. Roth, Orte, p. 190)« Nous pouvons perdre l’Antiquité de vue, elle ne peut disparaître de notre sang. Quiconque a vu des arènes romaines, un temple grec, les pyramides d’Egypte ou un innocent outil de l’âge de pierre, doit le savoir. » (Croquis de voyage, p. 162)
  
 

Âge de raison

On ne trouve guère d’accord entre les dictionnaires. Certains proposent une traduction, comme Bertaux et Lepointe : die Verstandesreife et comme Weis-Mattutat : das urteilsfähige Alter. Les autres donnent plutôt une définition, comme le Grappin : « das Alter, in dem die Vernunft kommt », le Sachs-Villatte : « etwa Alter, in dem das Kind schon vernünftig, verständig, einsichtig wird », le Pons : « Alter, in dem man zu verstehen beginnt [o vernünftig wird], Alter der Vernunft ».
Les traducteurs de notre corpus ont recours à d’autres solutions :
« Les cartouches sont ici, une habitude que j'ai prise quand les enfants étaient plus jeunes et que je craignais un accident. Cela me fait penser qu'ils ont maintenant plus que l'âge de raison et que je pourrais charger mon browning... " » (Simenon, Maigret hésite, p.49)« Die Waffe ist in meinem Zimmer am anderen Ende der Wohnung, und die Patronen sind hier. Ich habe mir das so angewöhnt, als die Kinder noch kleiner waren und ich einen Unfall befürchten mußte. Was mich daran erinnert, daß sie ja jetzt in einem vernünftigen Alter sind und ich meinen Browning laden könnte. » (Maigret zögert, p.54)
  
« Justement, cher ami, vous mettez le doigt sur la différence : Ourika avait trois ans ; comme l'enfant noire que j'emmène en France au cours de ce présent voyage, ce ne sont que des jouets. Nous les nourrirons de pensées pacifiques quand elles auront l'âge de raison, et elles nous gratifieront de leur reconnaissance, (…) » (J. Canolle, La maison des esclaves, p. 226)« Sie bringen es zur Sprache, mein Freund, aber genau darin liegt der Unterschied. Ourika war drei Jahre alt, genau wie die kleine Schwarze, die ich bei dieser Reise mit nach Frankreich nehme. Sie dienen nur als Spielzeug. Wenn sie dann älter werden und Vernunft annehmen, füttern wir sie mit friedfertigen Gedanken, und sie belohnen uns mit ihrer Zuneigung. » (Die Mulattin, p.22)
  
A l’inverse, le traducteur français utilise âge de raison pour erwachsen werden :
« "Unglücksrabe! Aber sei froh! Ich glaube, du wirst erwachsen !" "Wann ist man erwachsen ?" Lisa überlegt einen Augenblick. "Wenn man mehr an sich denkt als an die anderen", krächzt sie dann und schmettert das Fenster zu. » (E.-M. Remarque, Der schwarze Obelisk, p. 239)« " Va donc, corbeau de cimetière. Mais réjouis-toi, je crois que tu auras bientôt l'âge de raison. " " Pourquoi ? " Lisa réfléchit un instant. " Parce que tu commences à penser plus à toi qu'aux autres ", me crie-t-elle avant de claquer la fenêtre. » (L’obélisque noir, p. 360)
  
De la variété des définitions et traductions il ressort que l’allemand ne semble pas avoir la locution équivalente à notre âge de raison et que donc le traducteur réagisse au cas par cas.
 

Âge des cavernes

Pas de traduction dans les dictionnaires F-A. Le Monde diplomatique ne s’intéresse pas à cet âge. Une seule occurrence dans le corpus nancéien :
« Quand j'ai raccroché, Betty me regardait avec un sourire de bouddha. J'ai cru déceler dans son œil une étincelle qui remontait à l'âge des cavernes, quand le type suait et grognait pour préparer un abri à sa bonne femme qui souriait dans l'ombre. » (Ph. Djian, 37,2 le matin, p. 164)« Als ich auflegte, schenkte mir Betty ein strahlendes Buddha-Lächeln. Mir schien es, als stände in ihren Augen ein Funkeln, das noch auf die Zeit der Höhlen zurückging, wo der Typ schwitzte und murrte, um seiner im Schatten lächelnden Frau eine Zuflucht zu bauen. » (Betty blue, p. 173)
  
Sinon, comme l’homme des cavernes se dit der Höhlenmensch ou der Höhlenbewohner, la traduction pourrait être die Zeit der Höhlenmenschen ou das Zeitalter der Höhlenmenschen. On peut trouver aussi das Höhlenzeitalter (Google plus de 700 fois).
 

Âge mûr

Sachs-Villatte propose das reife(re) Alter, Grappin donne die Reife des Alters. Pons contient l’expression personne d’âge mûr : Person in reiferen Jahren [o reiferen Alters] ; péj ältliche Person. D’un âge mûr, dit Weis-Mattutat : reiferen Alters.
Sur ce point, le corpus ne se distingue guère : in reifem Alter, in ihrem reifen Alter, im reiferen Alter, reiferen Alters. Un exemple suffira :
« J'avais beau me répéter que le fantastique privilège de l'âge mûr est de pouvoir s'offrir d'être jeune quand il est irrémédiablement trop tard, cette forte et sibylline pensée ne me consolait que modérément, (…) » (J.-L. Benoziglio, Cabinet, p. 97)« Es half nichts, daß ich mir immer wieder sagte, das Privileg reiferen Alters bestehe darin sich das Jungsein erlauben zu können, wenn es unwiderruflich zu spät dafür ist; dieser starke und sibyllinische Gedanke war mir nur ein schwacher Trost, » (Porträt, p. 96)
  
 

Agent de change

Depuis 1988, cette charge appartient aux sociétés de Bourse. On trouve donc le mot dans les ouvrages antérieurs. Bertaux et Lepointe est le plus riche : der (Börsen)makler, Fondsmakler, Wechselagent, Effektenhändler, Sensal. Il y a aussi Wechselmakler (W/M) et amtlicher Kursmakler (G). Le Deutsches Universalwörterbuch ne connaît que Börsenmakler et Sensal, mais ce dernier est autrichien. Le corpus ajoute quelques termes :
« Ni elle d'ailleurs ni mon père ne semblaient non plus trouver à parler des grands-parents de Swann, du titre d'agent de change honoraire, un plaisir qui passât tous les autres. » (Proust, Du côté de chez Swann, p. 560)« Weder sie übrigens noch mein Vater schienen an einer Gelegenheit, von Swanns Großeltern zu sprechen oder den Beruf eines Wechselmaklers zu erwähnen, ein Vergnügen zu finden, das alle anderen übertraf. » (In Swanns Welt, p. 549)
  
« J'ai donc décidé de gagner la côte Est pour y apprendre le métier d'agent de change. Tous les jeunes gens que je connaissais travaillaient chez un agent de change. » (F. Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique, p.26)« Daher beschloß ich, nach Osten zu gehen und mich im Börsenhandel umzutun. Wen ich auch kannte - alle handelten mit Wertpapieren. » (Der große Gatsby, p.11)
  
Comme ces deux textes sont des traductions du même roman américain, The Great Gatsby, il n’est pas sans intérêt de donner l’original : « -so I decided to go East and learn the bond business. Everybody I knew was in the bond business. » (Penguin Popular Classics, p. 9). La traduction allemande serre le modèle de plus près.
Cette fois, l’original est allemand :
« Sie ist die Schöne Helena der Schieber. Mit Grabsteinen kann man nun mal nicht reich werden, mein Sohn. Warum gehst du nicht in die Heringsbranche oder in den Aktienhandel, wie dein Freund Willy? » (E.-M. Remarque, Der schwarze Obelisk, p. 15)« C'est la Belle Hélène de la Bourse. On ne fait pas son beurre dans la pierre tombale, retiens cela, mon fils. Inscris-toi au syndicat des maquereaux ou deviens agent de change comme ton ami Willy. » (L’obélisque noir, p. 7 )
  
 

Agent de liaison

Bertaux et Lepointe s’intéresse au sens militaire du mot : der Befehlsempfänger, der Melder, les autres dictionnaires F-A proposent der Verbindungsmann (männer/leute), terme présent dans le Deutsches Universalwörterbuch. Pons ajoute aussi Verbindungsfrau. Der militärische Dolmetscher de Rupied et Conrad (Charles Lavauzelle et Cie) traduit der Verbindungsmann, der V-Mann (die V-Leute) par l’honorable correspondant, le H.C.
Le corpus ne donne qu’un exemple d’agent de liaison :
« Du reste, sa tante était loin de son esprit. Guillaume lui apparaissait dix minutes par semaine, prétextant un poste d'agent de liaison. » (J. Cocteau, Thomas l’imposteur, p. 52)« Im übrigen war die Tante seine geringste Sorge. Sie sah ihn jede Woche einmal auf zehn Minuten, was er damit begründete, daß er einen Posten als Verbindungsmann habe. » (Thomas der Schwindler, p. 36)
  
Mais Taz nous fournit une variante :
« Pendant ce temps, la résistance populaire continuait aussi au Tabasco, encouragée par l’arrestation d’un complice de M. Cabal Peniche, agent de liaison avec les mafias colombiennes (…) » (Jaime Aviles, Le Monde diplomatique, «Main basse sur le Mexique », août 1996, p. 5)« Auch der Volkswiderstand in Tabasco geht weiter, ermutigt durch die Verhaftung von Juan Garcia Abrego, einem Komplizen Cabal Peniches, der sich als Verbindungsagent zur kolumbianischen Mafia betätigte (…) » (T960816.262)
  
 

Agent de police

Les dictionnaires F-A proposent : der Polizist (die Polizistin), der Schutzpolizist, (fam) der Schupo, der Schutzmann (männer/leute), der Polizeibeamte (die Polizeibeamtin). L’agent de police féminine chargée de tâches particulières, (comme la distribution des contraventions pour stationnement interdit) ne s’appelle pas *die Schutzfrau, mais die Politesse. En s’adressant à l’agent de police on dit : Monsieur l’agent, Herr Wachtmeister.
Quant au corpus, c’est par der Polizist qu’ont été traduites systématiquement les 9 occurrences d’agent de police dans La jument verte de Marcel Aymé, et c’est 31 fois par agent de police qu’a été traduit der Schutzmann du livre de K. Valentin (Gesammelte Werke, Band III).
 

Agent de renseignement

On trouve pêle-mêle : der Auskundschafter (B/L), der Auskunftsbeamte, der Gewährsmann (W/M), der (Geheim)agent (S/V) pour agent de renseignements (au pluriel !). Pons, toujours galant, ajoute le féminin : die (Geheim)agentin. En fait, der Auskunftsbeamte est celui qui donne des renseignements aux usagers des services publics, tandis que le Gewährsmann est la personne sur les dires de laquelle on se fonde pour affirmer quelque chose. Le Auskundschafter (ou Kundschafter) est la personne qui, selon le Deutsches Universalwörterbuch, est à la recherche de renseignements : «auskundschaften : durch Nachforschen herausfinden, erkunden, ausmachen ». Avec der (Geheim)agent, le renseignement devient espionnage.
Pas d’occurrence traduite de agent de renseignement dans le corpus nancéien. Ni dans Le Monde diplomatique.
 

Agent immobilier

Pour agent (ou courtier) immobilier, Weis/Mattutat et Grappin proposent : der Grundstücksmakler, Pons : der (die) Immobilienhändler(in), der (die) [Immobilien]makler(in). Comme les agences immobilières ne vendent pas seulement des terrains, mais aussi et peut-être surtout des immeubles, il faut sans doute donner la préférence à Pons.
Rien dans le corpus de Nancy, mais la traduction du Monde diplomatique montre que le contexte suffit pour qu’on ait seulement der Makler :
« Situation stimulante, car l’annonce, dans sa concision, l’agent immobilier ou le notaire, par leur éloquence, font naître des images (…) » (M. Augé : « Les tribulations immobilières d’un ethnologue », août 1999, p. 28)« Anregend war sie deshalb, weil der knappe Text der Annonce oder die gewandten Worte der Makler bzw. Notare Bilder heraufbeschwören (…) » (T990813.323)
  
 

Agent secret

L’accord des dictionnaires se fait sur der/die Geheimagent(in), der/die Spion(in).
Toutefois, quand le texte français du Monde diplomatique se réfère à un agent secret de bandes dessinées américaines, le traducteur de Taz n’hésite pas à garder le nom anglais : Secret Agent X-9 :
« Agent Secret X-9 parut pour la première fois le 22 janvier 1934 » (Ph. Videlier, « Les héros de la guerre du papier », déc. 96, p. 28)« Die erste Folge von «Secret Agent X-9 » erschien am 22. Januar 1934 » (T961213.260)
  
Si les occurrences d’agent secret dans la traduction française du roman italien d’Alki Zei La fiancée d’Achille ont pour correspondant systématique Agent dans le texte allemand, Die Verlobte des Achilles, le traducteur de Stendhal a une autre solution :
« Cet homme pouvait fort bien n'être au fond qu'un agent secret des libéraux. » (Le rouge et le noir, p. 24 )« Der Mann war vielleicht nichts anderes als ein heimlicher Agent der Liberalen. » (Rot und Schwarz, p. 20)
  
L’autre traducteur, Otto Flake, propose : « Wußte man, ob er mehr als ein geheimer Agent der Liberalen war ? » (dtv-Dünndruck-Ausgabe, p. 20).
 

Aide de camp

Des trois traductions de Bertaux et Lepointe : Flügelgeneraladjutant, Adjutant, Flaggenleutnant, seul Adjutant a la faveur des autres dictionnaires F-A, même si Grappin propose aussi (Flügel)adjutant. Der militärische Dolmetscher de Conrad et Rupied, qui n’a pas d’entrée aide de camp, traduit Adjudant et Adjutant par officier adjoint, et d’ailleurs le Deutsches Universalwörterbuch (qui ne connaît ni Flügelgeneraladjutant, ni Flaggenleutnant) dit la même chose : Der Adjutant : « dem Kommandeur einer militärischen Einheit zur Unterstützung beigegebener Offizier ». Toutefois, on continue d’appeler aide de camp l’officier attaché à la personne d’un homme d’État ou d’un général. Donc il faut traduire der Adjutant par aide de camp lorsqu’il s’agit de textes anciens (disons jusqu’à la Seconde guerre mondiale) et c’est ainsi que procède le traducteur de Fontane :
« -er war nämlich mal Adjutant bei dem Alten » (Effi Briest, chap. VIII)« il a effectivement été une fois aide de camp du vieux » (p. 609)
  
 

Aide familiale

Pons est le seul dictionnaire F-A à proposer une traduction : die Haushaltshilfe, mot que connaît d’ailleurs le Deutsches Universalwörterbuch. Comme ni le corpus nancéien ni la traduction dans Taz du Monde diplomatique ne nous proposent rien, nous nous en contenterons.
 

Aide ménagère

Rien dans les dictionnaires F-A. Sauf Sachs-Villatte (SW), qui donne comme synonymes aide familiale, maternelle : Haushilfe, -gehilfin. Une seule occurrence dans le corpus français de Nancy, mais en fait, il s'agit de la traduction de Haushilfe d'un texte allemand:
Sie, die Alten, sozusagen der Chor - drei Amerikaner, ein gebürtiger Deutscher, ein Italiener und ein Einheimischer, kamen vor Jahren zu einer Haushilfe, einem Mädchen, das sich machte. (B. Kirchhoff, Infanta, p.452)Ces vieux prêtres qui constituent une sorte de chœur : trois Américains, un Allemand de naissance, un Italien et un autochtone -, se sont retrouvés voilà des années avec une aide ménagère, une jeune fille, qui a évolué. (Infanta, p.454)
  
 

Aide-soignant/aide-soignante

Pour le masculin, Grappin (G) propose der Krankenpflegehelfer, pour le féminin, Weis-Mattutat (WM) : die Krankenpflegerin, et Sachs-Villatte : die Stationshilfe et Krankenpflegehelferin. Pons (P), qui, lui aussi, mentionne seulement le féminin, donne : die Schwesternhelferin. On peut supposer que les termes les plus longs (comme die Krankenpflegehelferin) sont les dénominations administratives et que la langue courante préfère le terme court, comme die Stationshilfe. Pour Stationshilfe précisément, le Deutsches Universalwörterbuch indique: die Hilfsschwester, et à cette entrée on trouve la définition suivante : Krankenschwester ohne fachliche Ausbildung, ce qui correspond bien, semble-t-il, à ce qu'est une aide-soignante. On préfèrera donc: die Hilfsschwester. En tout cas, pas d'occurrence ni de aide-soignant ni de aide-soignante dans le corpus nancéeen, mais quelques-unes dans Le Monde diplomatique. L'une a été traduite dans Taz et c'est Stationshilfe qui a été choisi :
« et les postes typiques qu'elles occupent (serveuse, femme de ménage, vendeuse, aide-soignante) n'offrent ni couverture médicale ni congés payés dans les deux tiers des cas.» (L.Wacquant: « Quand le président Clinton 'réforme' la pauvreté », sep. 1996, p.17)« Bei den für sie typischen Beschäftigungen (Kellnerin, Putzfrau, Verkäuferin, Stationshilfe) gibt es in zwei Dritteln der Fälle weder Krankenversicherung noch bezahlten Urlaub. » (T960913.286)
  
 

Air comprimé

Pons, comme Bertaux et Lepointe (BL), donne seulement die Pressluft, mais Sachs-Villatte ajoute à ce mot die Druckluft. Sur les trois occurrences du corpus français, une seule a été traduite en allemand :
Il jetait des regards vers le train qui venait juste de s'arrêter, puis sur moi, comme si j'étais une apparition. Le train sifflait de tout son air comprimé, mais les portes ne s'étaient pas encore ouvertes.» (J.-B. Pouy, La clef des mensonges, p. 44)Er blickte zum Zug, der gerade angehalten hatte, dann zu mir, als sei ich eine Erscheinung. Der Zug ließ pfeifend seine Druckluft ab, aber die Türen hatten sich noch nicht geöffnet. (Der Schlüssel zur Affäre, p. 28)
  
 

Air conquérant

On note une grande variété de propositions dans les dictionnaires : siegesgewisse Miene, eroberungslustiges Aussehen (BL), Siegermiene (G), der Stolz (WM), siegessichere, siegesgewisse Miene (SW), selbstbewusste Miene (P). C'est pour siegessichere Miene qu'opte le Langenscheidts Kontextwörterbuch F-D. Rien dans le corpus français de Nancy, ni dans Le Monde diplomatique.
 

Air de famille

Bertaux et Lepointe dit : trait, air de famille : der Familienzug, die Familienähnlichkeit. Familienähnlichkeit aussi pour Weis-Mattutat, pour Grappin (avoir un air de famille : eine Familienähnlichkeit besitzen) pour Sachs- Villatte. Pons donne: « Il y a [comme] un air de famille entre qn et qn : jd hat [eine gewisse] Ähnlichkeit mit jdm, jd sieht jdm [ein bisschen] ähnlich ». C'est aussi die Familienähnlickeit que choisit le traducteur de Proust.
« comme s'il en était de notre vie ainsi que d'un musée où tous les portraits d'un même temps ont un air de famille, une même tonalité »  (Du côté de chez Swann, p. 114)« als wenn es mit unserm Leben so wäre , wie mil einem Museum, wo alle Porträts aus der gleichen Epoche eine gewisse Familienähnlichkeit aufweisen, einen gleichen Grundton » (In Swanns Welt, p. 30)
  
Le même passage italien d'une œuvre d'Italo Calvino (Si par une nuit d'hiver un voyageur/Wenn ein Reisender in einer Winternacht) a été traduit ainsi en français et en allemand : « Le mort du portrait lui aussi a un air de famille/Auch der Tote dort auf dem Bild hat diese Familienähnlichkeit. » (Concordancier MultiConcord, P 1082 S 2).
 

Air libre

En fait, cette séquence ne se rencontre que dans l'expression : à l'air libre, que le Langenscheidts Kontextwörterbuch F-D donne comme synonyme de en plein air et traduit par im Freien. Sachs-Villatte propose : in bzw. an der freien Luft, Pons ajoute l'expression qn remonte à l'air libre : jd klettert wieder ins Freie, ce qui nous rappelle fort opportunément le cas des prépositions 'mixtes'. C'est par im Freien que Taz traduit l'exemple suivant du Monde diplomatique :
Un agréable mais malodorant cours d'eau, un petit marché calme, des « maisons de hé dans des bâtisses sommaires en bois ou à l'air libre, (...) (R. Lew: L'empire du milieu dans la tanière du tigre, déc. 2000, p. 16)Hier fließt ein munterer, wenn auch übel riechender Bach, man findet einen kleinen beschaulichen Markt und Teehäuser in groben Holzverschlägen oder im Freien (...)» (T001215.36)
  
Mais d'autres traductions sont possibles, comme celle-ci :
Composé d'une dizaine de bâtiments à demi délabrés reliés les uns aux autres par des sortes de couloirs à l'air libre, mais surmontés de tôle ondulée, Mama Yemo (...) (Le monde diplomatique, Florence Beaugé: « Misère et dignité à l'hôpital Mama-Yemo de Kinshasa, déc. 96, p. 6)Mama-Yemo ( ... ) ist heute ein Komplex aus einem Dutzend baufälliger Gebäude, die untereinander durch offene, mit Wellblech überdachte Gänge verbunden sind (T 961213.239)
  
 

Air liquide

Seul Pons a une entrée air liquide : flüssige Luft. Les occurrences dans Le Monde diplomatique sont en fait des références à la compagnie française, leader mondial des gaz industriels. Rien dans le corpus français de Nancy.
 

Alcool à brûler

L'accord des dictionnaires F-A se fait sur der [Brenn]spiritus. C'est ce mot qui a été utilisé dans l'extrait de Marlen Haushofer ci-dessous, seule occurrence du corpus :
Ferner fand ich ein Päckchen Tee, Landtabak, eine Flasche Spiritus, alte Zeitungen und eine verschimmelte, madenzerfressene Speckseite, die ich zurückließ. (Die Wand, p. 147)Il y avait aussi un paquet de thé, du tabac de campagne, une bouteille d'alcool à brûler, de vieux journaux et un morceau de lard moisi et rongé de vers que je laissai. (Le mur, p. 165)
  
De même pour la traduction dans Taz de ce passage du Monde diplomatique
Le cannabis se fume à plusieurs et offre un sentiment d'aventure avec juste ce qu'il faut de déviance, mais la consommation d'alcool à brûler (...) constitue le piège qui amène à la délinquance et à la violence sans objet. » (Meriem Verges: « Avoir vingt ans en Algérie, nov. 95, p. 16)Wichtiger ist der Cannabis, den man in der Gruppe raucht und der das Gefühl von Abenteuer und Ausbruch vermitelt. Der Konsum von Brennspiritus (...) wird für ihn dagegen zur 'Falle', die ihn in Kriminalität und blinde Gewalt verstrickt.
  
 

Allées et venues

Dictionnaires et corpus proposent quatre types de traduction
a) une traduction qui insiste sur le sens du mouvement, l’idée de va-et-vient : das Aus- und Eingehen gehen, fliegen (BL), das Kommen und Gehen (BL, G), das Auf und Ab, das Hin und Her, das Betreten und Verlassen (allées et venues dans un espace clos),
b) une traduction qui insiste sur l’intensité du mouvement : der Verkehr (BL), das Gelaufe, die Laufereien (P) ; ainsi : pour j’ai dû faire beaucoup d’allées et venues : Ich hatte viele Laufereien (SV).
c) une traduction qui associe le sens du mouvement et son intensité : das Ab-und- zulaufen, das Hin-und herlaufen,
d) enfin une traduction qui insiste sur la répétition du mouvement, son déroulement dans le temps : immer, immer wieder + verbe de mouvement.
C’est surtout le cas quand dans l’original allées et venues est spécifié comme répétitif. Ainsi :
« Ce sont mes incessantes allées et venues aux chiottes du train qui ont été au départ de tout. » (J.-B. Pouy, La clef des mensonges, p. 27)« Angefangen hatte alles damit, daß ich immer wieder auf die Zugtoilette gehen mußte. » (Der Schlüssel zur Affäre, p. 17)
  
Il y a même aussi la traduction ‘zéro’ ou plutôt la traduction implicite comme dans cet exemple emprunté à G. Simenon :
« Si une des deux femmes sortait ou si elles sortaient toutes les deux séparément, ils pourraient ainsi les suivre dans toutes leurs allées et venues. » (Maigret et l’inspecteur malgracieux, p. 56)« Wenn eine der beiden Frauen ausginge, oder wenn sie beide getrennt ausgingen, könnte man ihnen dann nachgehen. » (Maigret und Inspektor Lognon, p. 36)
  
Ou encore dans cet autre :
« Il s'intéresse à toutes les allées et venues de la maison et le lavage des voitures, surtout dans la Rolls, le fascine... » (Maigret hésite, p. 173)« Er interessiert sich für alles, was in diesem Haus passiert und schaut begeistert zu, wenn die Autos, besonders der Rolls, gewaschen werden » (Maigret zögert, p. 190)
  
Un dernier exemple de ‘traduction implicite’:
« L'heure de la soupe approchait, où cette maison grouillerait d'allées et venues. » (L. Malet, Des kilomètres de linceuls, p. 99)
« Gleich gab's Abendessen, und dann würde das Haus vor Menschen nur so wimmeln. » (Stoff für viele Leichen, p.89)
 

Allocations familiales

Nous retrouvons ici le phénomène constaté avec aide-soignante : il y a d’une part une dénomination administrative : die Familienzulage (Deutsches Universalwörterbuch) ou encore die Familienbeihilfe (P) et d’autre part ce que dit l’allemand courant : das Kindergeld. La traduction dépend donc du type de texte.
« Si la législation sociale généreuse des années d'abondance privilégie toujours les personnes âgées, les allocations familiales ont été réduites. » (Brigitte Sauzay, Le vertige allemand, p. 78)« Die großzügige Sozialgesetzgebung aus den Jahren des Wohlstandes privilegiert noch immer die Alten, während das Kindergeld gekürzt worden ist. » (Die rätselhaften Deutschen, p. 82)
  
 

Amant de cœur

Une seule définition de ce mot dans les dictionnaires monolingues, ce qui rend excusable l’absence dans les dictionnaires bilingues. Le Trésor de la langue française : « amant apprécié pour lui-même et en dehors de ses présents ». Pons donne der Herzensfreund comme traduction de ami de cœur, ce qui n’est pas la même chose. Rien dans Le Monde diplomatique.
Le corpus nancéien donne trois occurrences françaises du mot, une chez Proust, deux chez Zola. Voici celle tirée de Du côté de chez Swann :
« (…) réalisant dans leur imagination suggestion née la démarcation immatérielle qui sépare à quelques mois de distance une tête d'amant de cœur et une tête de cocu, elle disait (…) » (p.451)« (…) wobei sie deutlich in ihrer stark beeinflußbaren Phantasie die unsichtbare Trennungslinie feststellten, die innerhalb von ein paar Monaten den Kopf eines um seiner selbst willen geliebten Mannes anders erscheinen läßt als den eines betrogenen Liebhabers, jetzt sagte sie (…) » (p. 423)
  
Ce qui frappe, c’est la longueur du texte allemand par rapport à l’original et plus spécialement de la traduction d’amant de cœur et de cocu. Pour amant de cœur, cette traduction donne à penser qu’il n’existe pas d’expression allemande correspondante et qu’il a donc fallu traduire par une périphrase, qui, d’ailleurs, reprend la définition du Trésor de la langue française. En effet, pour les demi-mondaines et les prostituées, l’amant de cœur, par opposition au client (der Freier), est l’homme avec qui elles ont des relations sexuelles (amant) par amour (de cœur) et non pour de l’argent. C’est aussi parfois un moyen d’éviter à cet homme d’être poursuivi pour proxénétisme. Mais comment sont traduits les deux amants de cœur de Nana ?
« Et elles appelaient ça " aller à la rigolade ", elles rentraient heureuses de leurs dédains, finir la nuit aux bras de quelque amant de cœur. » (p. 451)« Und das nannten sie "auf den Bummel gehen". Und dann gingen sie glücklich, weil sie nicht länger beansprucht wurden, nach Hause und verbrachten den Rest der Nacht in den Armen eines Liebhabers nach ihrem Herzen. » (p. 510)
  
« Dans son mépris de ces cochons, comme elle les nommait, elle ne pouvait pourtant rester le cœur libre, ayant toujours quelque amant de cœur sous ses jupes, roulant aux béguins inexplicables, aux goûts pervers des lassitudes de son corps. » (p. 452)« Trotz ihrer Verachtung für diese Schweine - wie sie die Männer in Bausch und Bogen titulierte - konnte sie doch nicht ohne irgendeine Liebelei leben und hatte darum jederzeit einen Liebsten, dem ihr Herz gehörte, unter ihren Röcken versteckt. » (p. 512)
  
Ces deux traductions différentes confirment, surtout la seconde, qu’il n’existe pas, jusqu’à plus ample informé, d’expression allemande qui correspondrait à l’expression française. Un amant selon son cœur et un bien aimé, à qui appartenait son cœur (ce que l’on obtient en retraduisant en français) rendent bien moins le sens de notre locution que la traduction-paraphrase du texte de Proust.
 

Amateur d’art

Dictionnaires et corpus s’accordent sur der Kunstliebhaber. Aussi un exemple suffira-t-il :
« Et Grandon, en plus, était amateur d'art ? -Non, pas vraiment. Enfin... Il en gardait, parfois. Il m'en a donné une, de gravure... qui, paraît-il, vaut une fortune... » (J.-B. Pouy, La clef des mensonges, p. 125)« Und Grandon war auch noch Kunstliebhaber ? » - «Nein, nicht wirklich. Nun... Er behielt sie manchmal. Er hat mir eine von den Graphiken geschenkt... die ein Vermögen wert sein soll... » (Der Schlüssel zur Affäre, p. 81)
  
Toutefois, on peut traduire aussi par der Kunstfreund, comme ici : « Prüft man nach, von welcher Seite und auf welche Weise unser Wissen bereichert worden ist, so stößt man zumeist auf Kunstfreunde, die unabhängig von Vorgängern den Kunstwerken naiv gegenübergetreten sind. » (M. J. Friedländer, cité dans Kaysers Kunst- und Antiquiätenbuch I, Keysersche Verlagsbuchhandlung, Munich, I, 1957, p. 53). Si en plus cet amateur est un connaisseur, ce sera ein Kunstkenner ou ein Connaisseur.
 

Âme damnée

Pour Bertaux et Lepointe, il convient de distinguer une âme damnée : eine verdammte Seele, ein Verdammter et l’expression être l’âme damnée de quelqu’un : sich jm ganz zu eigen geben. C’est surtout le second sens qui est repris dans les autres dictionnaires F-A. Ainsi Weis-Mattutat : être l’âme damnée de qn : jdm mit Leib und Seele verschworen sein. Grappin ajoute l’expression : c’est son âme damnée : er geht für ihn in die Hölle (idem ou presque chez Pons : jd geht für jdn durch die Hölle) ; er ist ihm mit Leib und Seele verfallen. Sachs-Villatte : être l’âme damnée de qn : js böser Geist sein. Cette dernière traduction est particulièrement intéressante, car souvent l’âme damnée n’est pas tant la personne qui se dévoue à vous corps et âme que celle qui exerce sur une autre une mauvaise influence. Seul le contexte permet donc de savoir à qui l’on a affaire et de traduire en conséquence.
C’est par âme damnée qu’est traduit ce passage de E.-M. Remarque, où il s’agit manifestement du sens premier du mot et non de l’expression :
« Ich sehe mich um. Das Fenster ist offen, aber vergittert ein schwarzes Loch, aus dem der Staubsauger schreit wie eine verdammte Seele. » (Der schwarze Obelisk, p. 180)« La fenêtre d'où vient le bruit est ouverte mais grillagée, un trou noir par où l'aspirateur crie comme une âme damnée. » (L’obélisque noir, p. 115)
  
Mais pas d’autre occurrence traduite de l’expression dans notre corpus et dans Le Monde diplomatique.
 

Amour charnel

Ce type d’amour n’inspire guère les auteurs de dictionnaires, qui ne le rangent pas (à la différence d’amour platonique) sous l’entrée amour. A l’entrée charnel on trouve surtout désirs charnels (Sinnenlust, fleischliche Lüste, Fleischeslust, fleischliche Begierden). A l’exception toutefois de Sachs-Villatte : amour charnel : körperliche Liebe.
Dans le corpus nancéien, c’est à D. Lapierre qu’on doit l’unique exemple d’amour charnel, une forme d’amour qui n’intéresse pas Le Monde diplomatique :
« C'est un choix d'amour. Se marier, au contraire, cela veut dire se donner, corps et âme, à un seul être. Pour ce qui est du corps, de l'amour charnel, ce n'est pas difficile.» (D. Lapierre, La cité de la joie, p. 119)« Es ist eine Wahl, und man trifft sie aus Liebe. Heiraten dagegen bedeutet, daß man sich mit Leib und Seele einem einzigen Menschen hingibt. Was den Körper, was die sinnliche Liebe angeht, so ist das nicht schwierig zu vollbringen. » (Stadt der Freude, p. 131)
  
 

Amour courtois

Grappin et Sachs-Villatte donnent la traduction de la littérature allemande médiévale : die Minne. Il y a bien une occurrence de ce terme dans Le Monde diplomatique, hélas sans traduction allemande. La seule occurrence du corpus est :
« Et quelle passerelle jeter entre le pont d'un chalutier et l'amphithéâtre Descartes où M. Pauphilet allait disséquer pour nous les merveilles d'Aucassin et Nicolette et nous faire découvrir l'amour courtois ? » (Benoite Groult, Les vaisseaux du cœur, p. 35)« Welche Brücke soll man denn auch zwischen dem Deck eines Trawlers und dem Descartes-Hörsaal schlagen, in dem Professor Pauphilet die wundersame Geschichte von Aucassin und Nicolette auseinandernehmen und uns die höfische Liebe entschlüsseln würde. » (Einsam ist, wer für niemand die Nummer eins ist, p.33)
  
 

Amour de la patrie

Die Vaterlandsliebe, disent les dictionnaires (BL, WM), y compris le Deutsches Universalwörterbuch. Bertaux et Lepointe ajoute die Liebe zum Vaterlande. Effectivement on a là, comme pour d’autres formes d’amour, le choix entre le mot composé ou la séquence : Naturliebe/Liebe zur Natur.
J. Roth choisit la séquence :
« Es gab eine Zeit in Deutschland, wo die stille Würde des Gelehrten, die behutsame Scheu des Dichters, die staatsmännische Vernunft des Politikers und alle einfachen Herzen der privaten Menschen mit natürlicher Selbstverständlichkeit die Liebe zum Vaterland gestanden und bekannten in Briefen, in Werken, in Äußerungen jeder Art. » (J. Roth, Orte, p. 121)« Il y eut une époque, en Allemagne, où la silencieuse dignité du savant, la prudente timidité du poète, la raison du politicien et de l'homme d'État, tous les cœurs simples des individus privés avouaient et reconnaissaient, avec une naturelle évidence, leur amour de la patrie : dans leurs lettres, dans leurs œuvres et dans des circonstances de toutes sortes. » (Croquis de voyage, p. 65)
  
Il n’y a pas de traduction dans Taz des rares occurrences d’amour de la patrie du Monde diplomatique.
 

Amour libre

Les dictionnaires qui ont cette entrée (SV, P) donnent freie Liebe, qui pour Bertaux et Lepointe correspond à union libre. Il y a certes quelques rares occurrences de ce mot dans Le Monde diplomatique mais sans traduction dans Taz. C’est en tout cas amour libre qui traduit freie Liebe des deux originaux allemands suivants :
« Dabei war ihr das Kunststück gelungen, aus den Jahren der freien Liebe und Straßenunruhen kinderlos und mit dem Ruf überparteilichen Spürsinns hervorzugehen » (B. Kirchhoff, Infanta, p. 244)« Elle avait réussi l'exploit de sortir des années d'amour libre et d'agitation contestataire sans enfant, avec une réputation de perspicacité qui se situait au-dessus de tous les partis » (Infanta, p. 246)
  
« Zimmermädchen ! Das würdest du tun ! Freie Rhythmen, freie Liebe ! Ich nicht ! Nie etwas im eigenen Hause ! Alter Wahlspruch. » (E.-M. Remarque, Der schwarze Obelisk, p. 251)« Des bonniches ? Bon pour toi. Vers libres, amour libre. Très peu pour moi, mon cher. Jamais quoi que ce soit dans sa propre maison. Vieux dicton. » (L’obélisque noir, p. 165)
  
 

Amour vache

Que cette entrée ne figure pas dans les dictionnaires F-A, y compris le Langenscheidts Wörterbuch der Umgangssprache est compréhensible : amour vache manque jusque dans les grands dictionnaires monolingues. Sauf dans Le Petit Robert (2000) « par plais. (c’est-à-dire par plaisanterie, non par plaisir, Y.B.) : où il y a plus de coups que de caresses. ». Ce type d’amour est inconnu du Monde diplomatique et du corpus français de Nancy.
Pour trouver une traduction approchante, j’ai demandé à MicroConcord de faire apparaître toutes les occurrences de Liebe sur le corpus allemand et j’ai regardé les épithètes et les composés dont Liebe était l’élément final. Malheureusement la liste s’est arrêtée à 1672, bien avant que toutes les œuvres eussent été passées en revue. J’ai donc changé de tactique et demandé : wilde Liebe. Sans succès. Brutale Liebe. Sans succès. De même pour ungebändigte Liebe, pour stürmische Liebe, heißblütige Liebe, rasende Liebe, wütende Liebe, tobende Liebe. Certes, il y a six occurrences de leidenschaftliche Liebe, mais l’amour vache est plus (ou autre chose) que de l’amour passionné. Enfin, j’ai trouvé un heftige Liebe avec le passage suivant. Mais s’agit-il vraiment d’amour vache ?
« Ich tue, was man von mir erwartet, vielleicht auch ein bißchen mehr. Ich messe sie mit gemessenen Blicken, ich drücke und küsse sie und lange auch hinten herum, wo das Fleisch gefügig ist und die Taille schlank, wo ich Partien massiere (ich habe viele Hände), Ausbuchtungen des Fleisches verrücke, daß sie stöhnt und Otto flüstert und ich weitermache überall (ich habe alle Hände voll zu tun), und sie nichts mehr sagt, was bemerkenswert wäre, und ich einmal denke an Henny, die immer zu singen beginnt in ähnlichen Situationen: ~Jaja, die Liebe, jaja die Liebe. Ich sehe Ludmilla tief in die Augen, als ob ich sie heiraten möchte, derweil ich unten zugange bin, unten in ähnlichen Dingen beschäftigt wie oben, wo ich ihren Mund küsse. Wir schlagen uns ineinander, werden ein Fleisch, wälzen uns, wedeln, schlenkern die Körper.
Ottos heftige Liebe.
Schauer, Flügelschlagen. Schauer, Bisse, Gestöber : Federn fliegen, Glocken läuten; gegenseitige Absolution, zwischendurchweises, krampfartiges Strecken(…)
» (N. Born, Täterskizzen, p.56)
Si je me fonde sur la définition du Robert, il ne semble pas, malgré schlagen et Bisse, que nous ayons là un exemple d’amour vache : les caresses l’emportent sur les coups. C’est pourquoi, si j’avais personnellement à traduire ce mot, j’emploierais la méthode déjà utilisée pour âge de raison : Alter, in dem man zu verstehen beginnt (P) et pour amant de cœur : ein um seiner selbst willen geliebter Mann, la méthode de la traduction-définition ou encore traduction- paraphrase, qui à défaut de concision a le mérite décisif de la clarté. Et je traduirais donc : c’était un amour vache : es war eine Liebesbeziehung, in der mehr geschlagen als gestreichelt wurde. Ou : mit mehr Brutalität als Zärtlichkeit ou encore : eine mehr brutale als zärtliche Liebe.
 

Amuse-gueule (1)

« petit gâteau salé, canapé, olive, etc. servi avec l’apéritif » (Petit Larousse illustré). C’est aussi, en dehors de l‘apéritif, ce qu’on offre dans les restaurants gastronomiques pour faire patienter le client avant les hors-d’œuvre. En tout cas, le mot est traduit dans Sachs-Villatte par der Appetit(s)happen ou das Appetit(s)häppchen. Das Deutsche Universalwörterbuch ne propose que der Appetithappen (sans Fugen-S) mais il donne aussi der Appetitbissen. Comme Grappin, Pons suggère das Appetithhäppchen. Mais il est seul à nous servir des Knabbereien. On trouve dans le Dictionnaire français-allemand des locutions (Hachette) : « ce ne sont que des amuse-gueule » (des petites friandises sans prétention)/ das sind so Leckerbissen, weiter nichts (Gerichte,die nichts Besonderes sein wollen)» et « ces commandes sont pour moi des amuse-gueule/diese Aufträge sind für mich nur kleine Fische (ich erwarte von diesen Aufträgen keinen besonderen Gewinn »(2).
Si les amuse-gueule(s) manquent dans Le Monde diplomatique, le corpus nancéien contient trois exemples traduits :
« Il commençait à faire sombre dans le magasin. J'ai mis un moment à repérer les amuse-gueule dans ce brouillard. Les amandes grillées, c'était mon vice. » (Ph. Djian, 37,2 le matin, p.202)« Ich brauchte eine Zeit, bis ich die Leckereien in dem Nebel fand. Geröstete Mandeln, die aß ich mit Leidenschaft. » (Betty blue, p. 212)
  
« Il remplit un verre, il le dépose devant Pierre, il lui offre une assiette d'amuse-gueule. » (Suzanne Prou, Les amis de Monsieur Paul, p. 46)« Er füllt ein Glas, stellt es vor Pierre hin, bietet ihm einen Teller mit Leckerbissen an.» (Die Freunde des Monsieur Paul, p. 31)
  
«De la petite gâterie style carapace de crabe avec encore du blanc dedans. Ou style fond de pot de rillettes, de boîte de sardines, style entame d'andouille. Des amuse-gueule. Pas assez pour faire un repas complet. » (R. Forlani, Gouttière, p.237)« Oder so kleine Leckerbissen wie Krabben- und Krebspanzer mit noch Weißem drin. Oder ein Bodenrest aus einem Topf Fleischschmalz, aus einer Dose Ölsardinen, Andouillettewurstzipfel. Knabberzeug als Vorspeise, wie etwa Chips, Salzstangen, Cocktailwürstchen und so. Nicht so viel, daß es eine komplette Mahlzeit ergibt. » (Die Streunerin, p. 154)
  
Autant de traducteurs, autant de traductions, dont aucune n’est empruntée aux dictionnaires. C’est que les dictionnaires proposent et les traducteurs disposent. Le contexte décide. Il est piquant en tout cas de trouver tant de traductions alors que les amuse-gueule(s) ne se sont introduits que très récemment dans la cuisine allemande. Mais peut-être cette richesse ne fait-elle que refléter la difficulté à rendre ce concept culinaire dans une autre culture gastronomique. Et d’ailleurs j’ai trouvé «amuse-gueule » dans certains restaurants d’outre-Rhin qui se piquent de cuisine française. Après tout, nous ne traduisons pas hot dog !

Note 1 : Ce mot ne se trouve pas dans la liste de TLFNOME.
Note 2 : Cet exemple est repris tel quel dans le Lexikon der französischen Redewendungen, Französisch- Deutsch de Ursula Kösters-Roth (Bechtermünz Verlag).
 

Ancre de marine

L’expression n’est pas pléonastique, puisque dans d’autres domaines, comme l’horlogerie, certaines pièces, à cause de leur forme, s’appellent aussi ancres. Ancre de marine désigne en fait l’ancre qui figure sur les uniformes et donc on a der Anker. Ancre de marine ne figure ni dans les dictionnaires français monolingues, ni dans les dictionnaires F-A. Le corpus nancéien en contient un exemple, mais sans traduction allemande : « Je suis sur le bateau qui va partir vers le château d'If. Le capitaine me secoue de plus en plus violemment, je vois briller l'ancre de marine de sa casquette et ce qui m'étonne c'est qu'il connaisse mon nom. » » (J.Joffo, Un sac de billes, p. 201).
 

Âne bâté

L’expression est employée comme insulte - sinon l’on a l’âne de bat : der Packesel, Saumesel, Lastesel (BL) - et c’est dans Sachs-Villatte que l’on trouve le plus de traductions : der Quadratesel, das Riesenrindvieh, das Riesenkamel, der Vollidiot. Bertaux et Lepointe propose : c’est un âne bâté : er ist ein großer Dummkopf, er ist erzdumm. Pons donne l’expression : qn est un âne bâté : jd ist ein ausgemachter Esel. Le dictionnaire français-allemand des locutions suggère : der Patentesel (familier). Avec M. Aymé, nous avons un exemple d’une autre traduction possible :
« Honoré brandit les poings au-dessus de la tête de Ferdinand. Il disait n'avoir jamais vu d'animal aussi stupide que ce bougre d'âne bâté de vétérinaire de merde. » (La jument verte, p. 151)« Da schwang Honoré drohend die geballten Fäuste über Ferdinands Kopf. Noch nie habe er ein so saudummes Vieh gesehen wie diesen verdammten Steinesel von einem dreckigen Scheißveterinär, tobte er. » (Die grüne Stute, p. 100)
  
 

Âne rouge

Nous devons une définition au Trésor de la langue française : « animal sauvage, que les savants appellent hémione, en voie de disparition qui tient du cheval et de l’âne et vit dans les déserts de l’Asie centrale ». Le Robert apporte la locution « méchant comme un âne rouge ». C’est tout. L’absence dans les dictionnaires F-A est donc excusable. Pourtant, le terme est connu de F. Cavanna et la traduction en est littérale :
« Rouquin, le grand rouquin à coups de tête, mauvais comme un âne rouge, nous secoue les idées noires » (Les Russkoffs, p. 126)« Rotkopf, der große Rothaarige, der immer gleich die Wand hochgeht und bockt wie ein roter Esel, treibt uns die finsteren Gedanken aus » (Das Lied der Baba, p. 144)
  
Que peut suggérer roter Esel au lecteur germanophone ? N’est-ce pas un contresens ou le traducteur, faute de mieux, s’est-il contenté de traduire des mots et non du sens ? Puisque l’âne rouge est un « animal sauvage », wild (bockt wie ein wilder Esel ?) n’aurait-il pas mieux convenu ?
 

Ange des ténèbres

Weis-Mattutat (WM) et Pons (P) ne se prononcent pas sur ce sujet. Pour Grappin (G), il s’agit de der Höllenfürst, qui est le prince des ténèbres de Bertaux et Lepointe (BL), pour Sachs-Villatte (SV) de die Engel der Finsternis (car le nom est donné au pluriel). Pas d’ange des ténèbres du Monde diplomatique traduit dans Taz.
On doit à Ph. Djian le seul exemple du corpus français mis à ma disposition sous forme de CD par le Groupe de Lexicographie Français-Allemand de l‘Université de Nancy II (corpus nancéien).
« J'ai entendu une espèce de sifflement dans mes oreilles avant qu'elle se mette à rigoler, elle faisait une telle grimace que sur le coup j'ai failli pas la reconnaître, j'ai pensé à un ange des ténèbres. J'ai bondi sur elle comme un ange lumineux et j'ai attrapé son bras blessé avec le même dégoût que si j'avais empoigné un serpent à sonnettes » (37, 2 le matin, p. 180).« Ich hatte ein Pfeifen in den Ohren, als sie anfing zu lachen, ihr Gesicht war zu einer Fratze entstellt, fast hätte ich sie nicht wiedererkannt, sie kam mir vor wie ein Engel der Finsternis. Ich fiel über sie her wie ein Engel des Lichts und packte mir ihren verletzten Arm mit einem Abscheu, als griff ich nach einer Klapperschlange » (Betty Blue, p. 189)
  
Il fallait la citation entière, car elle contient ange lumineux/Engel des Lichts, le pendant de l’ange des ténèbres.
 

Ange gardien

Au sens premier, il s‘agit d’un terme religieux, puis ce mot en vient à désigner une sorte de garde du corps d’un personnage qu’il faut protéger. La traduction sera-t-elle la même dans les deux acceptions ? La plupart des dictionnaires ne donnent que le premier sens : der Schutzengel, mais Pons ajoute : fig [garde du corps] der Leibwächter. Les anges gardiens du corpus français de Nancy sont, quand ils sont traduits, rendus par der Schutzengel. Tout comme cet exemple traduit du Monde diplomatique :
Ainsi, alors que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), cet ange gardien de notre civilité, (…) (D. Duclos : « La vie privée traquée par les technologies », août 1999, p. 17)Die französische Datenschutzbehörde (CNIL) , die als Schutzengel über unsere Zivilisiertheit wacht, (…) (T990811.316)
  
Ce qui est plus intéressant c’est de voir quel mot allemand est traduit par ange gardien :
Ich nahm das Telefon und wählte Futts Privatnummer.
'Katrin Futt.'
'Hallo, Frau Futt. Lassen Sie mich mal mit Ihrem Aufseher sprechen.'
(J. Arjouni, Happy birthday Türke, p. 149)
Je pris le récepteur et je fis le numéro personnel de Futt.
- Catherine Futt à l’appareil'
- Oui, madame Futt. Veuillez me passer votre ange gardien.
(Bonne fête, le Turc, p. 180)
  
Que les anges gardiens puissent être soumis à des tentations humaines, voilà ce que nous apprend le traducteur d’E-M. Remarque :
Georg lacht. "Wenn du das fertigbringst, bestelle ich für dich als Bonus eine ganze Kiste Reinhardtshauser 1921. Einen Wein zum Träumen. (Der schwarze Obelisk, p. 181)Georges éclate de rire. " Si tu y arrives, je t'offre toute une caisse de Château-Reinhardt 1921, à titre de commission spéciale. Un vin à débaucher son ange gardien ! (L’obélisque noir, p. 272)
  
Il ressort de ce dernier exemple que le traducteur, pour un ouvrage de fiction du moins, dispose d’une réelle liberté de manœuvre (y compris quand les dictionnaires lui offrent des solutions acceptables) et qu’il en prend parfois à son aise avec l’original.
 

Animal sauvage

L’accord des dictionnaires F-A se fait sur wildes Tier. Pons donne aussi les animaux sauvages : die wilden [o wild lebenden] Tiere. Le Deutsches Universalwörterbuch de Duden, qui connaît der Wildhund, die Wildkatze, die Wildsau, das Wildschwein, die Wildtaube ne connaît pas, ni d’ailleurs les autres dictionnaires monolingues récents comme Die deutsche Rechtsschreibung de Bertelsmann (1999) et de Duden (2000), das Wildtier. Y aurait-il des restrictions à la formation des composés allemands ? Pas en l’occurrence, car dans Taz de 1995-2001, on en trouve 11 exemples, dont celui-ci : « Die Behörden prüfen nun , ob die inzwischen wieder eingefangene Schlange laut Stadtordnung als Wildtier gilt. » (T011010.183 p. 20, Tazbericht : « Haustiere unter sich »). Il y a aussi 43 Wildtiere.
Pourtant les traductions d’E. Ajar (La vie devant soi/ Du hast das Leben noch vor Dir, pp. 71/44) et de Madeleine Chapsal (Envoyez la petite musique/ Französische Schriftsteller, pp.327/315) sont respectivement die wilden Tiere et wilde Tiere.
 

Appel à la raison

Bertaux et Lepointe traduit : der Appell an die Vernunft. Grappin donne pour faire appel à la raison : an die Vernunft appellieren. Pas de traduction dans les autres dictionnaires F-A, mais Pons, à propos d’appel au calme, propose die Aufforderung zu. Pas de traduction dans Taz des rares appels à la raison du Monde diplomatique, mais l’une des cinq traductions de La Métamorphose contient appel à la raison :
« Die Mutter übrigens wollte verhältnismäßig bald Gregor besuchen, aber der Vater und die Schwester hielten sie zuerst mit Vernunftgründen zurück, denen Gregor sehr aufmerksam zuhörte, und die er vollständig billigte. » (Die Verwandlung, p.80)« La mère, d'ailleurs, manifesta relativement vite son intention de voir Grégoire, mais le père et la sœur la retinrent au début en faisant appel à la raison et Grégoire écoutait très attentivement ces arguments, qu'il approuvait pleinement. » (F. Kafka, La métamorphose, traduction de J.-J. Briu, p. 80)
  
De même, le traducteur de K. Jaspers utilise : appel à la raison
« dann wird er das uralte Heil, das immer wieder verloren und nie ganz verloren wurde, zur Führung werden lassen : die Vernunft. » (K. Jaspers, Die Atombombe und die Zukunft des Menschen, p. 325)« alors il permettra à l'antique chance de salut, qui s'est perdue à maintes reprises, sans être jamais totalement perdue, de reprendre la tête : il fera appel à la raison. » (La bombe atomique et l’avenir de l’homme, p. 441)
  
 

Appel d’air

« aspiration d’air, dispositif créant une dépression dans un foyer, pour faciliter l’entrée de l’air nécessaire à la combustion » (Le Petit Larousse Illustré, 1994, mais l’édition de 1999 a supprimé : aspiration d’air, ne laissant que le dispositif.). Donc en fait on a deux significations : a) une signification aspiration d’air, ou appel d’air ou courant d’air traduit par der Luftzug et b) une signification technique, un dispositif, et d’ailleurs le Sachs-Villatte fait précéder de l’indication tech sa traduction, qui est aussi celle du Pons : die Luftzufuhr. Mais Grappin fait aussi précéder de techn : der Luftzug. Comment nos traducteurs littéraires vont-ils s’en tirer ?
« et on avait délaissé les galeries supérieures, pour ne surveiller que la galerie du fond, dans laquelle flambait le fourneau d'enfer, l'énorme brasier de houille, au tirage si puissant, que l'appel d'air faisait souffler le vent en tempête, d'un bout à l'autre de la fosse voisine. » (E. Zola, Germinal, p. 363)« Die oberen Stollen ließ man verfallen und überwachte nur den untersten, wo ein Höllenfeuer, ein riesiger Kohlenbrand, wütete und eine so gewaltige Zugluft verursachte, daß ein wahrer Sturmwind durch die ganze benachbarte Grube brauste. » (Germinal, p. 377)
  
« Par-dessus le toit de la 203, pendant ce temps je voyais Coccioli s'extraire de sa DS. L'ouverture de la portière a dû faire un appel d'air ou je ne sais quoi parce que le feu a repris, à l'intérieur de l'auto et sous le capot. Coccioli donnait de grandes tapes sur ses vêtements. » (J.-P. Manchette, Morgue pleine, p. 112)« Über das Dach des Peugeot hinweg sah ich, wie Coccioli sich aus dem DS wurschtelte. Das Öffnen der Tür mußte einen Luftzug provoziert haben oder ich weiß nicht was, denn das Feuer begann von neuem, im Innern des Wagens und unter der Motorhaube. Coccioli klopfte heftig seine Kleider aus. » (Sieben Stufen zum Himmel, p. 91)
  
Dans les deux cas appel d’air signifie simplement aspiration, courant d’air et l’on ne fait pas référence à un dispositif ad hoc. Et pourtant l’on a deux traductions : Zugluft, Luftzug avec les mêmes composants permutés. Les deux mots existent dans Deutsches Universalwörterbuch pour Luftzug : « spürbare, strömende Bewegung der Luft », pour Zugluft : « als unangenehm empfundener Luftzug ». Donc eine Zugluft est ein Luftzug. Cette possibilité de permutation des composants (avec sens identique) n’est pas unique : on a die Schärfentiefe et die Tiefenschärfe pour la profondeur de champ en photographie.
 

Appel d’offres

Ce « mode de passation des marchés public par lequel l’Administration choisit librement son contractant après mise en concurrence préalable des candidats » (Le Petit Larousse Illustré, 1999) a une traduction unanime des dictionnaires : die Aussschreibung. Weis-Mattutat précise : Angebotsausschreibung. Pons ajoute l’expression qn lance un appel d’offres : jd macht eine Ausschreibung. Toutefois le Dictionnaire économique, commercial et financier (DECF) de J. Boelcke, B. Straub et P. Thiele (Presses Pocket) propose aussi staatliche Aufträge et complète par l’expression faire un appel d’offres : eine Ausschreibung veranstalten. Dans le concordancier MultiConcord, chacune des 5 occurrences d’appel d’offres est traduite par die Ausschreibung. Aussi n’est-il pas utile d’aller plus loin dans cette traduction d’un terme technique administratif.
 

Appel de fonds

Il s’agit selon le Maxidico d’une « demande d’investissements ». Pour Pons : (fin) : die Zahlungsaufforderung. Sachs-Villatte est plus explicite : « fin (an Aktionäre) : Aufforderung zu weiteren Einzahlungen, zu Nachschüssen ». Le dictionnaire commercial et financier de J.V. Serviotte (Marabout) donne Aufforderung zur Nachzahlung. Le DECF nous propose une locution : faire un appel de fonds : Kapital heranziehen (einfordern). Dans l’unique exemple de MultiConcord la traduction est : der Abruf der Mittel. Pas d’appel de fonds dans le corpus nancéien, ni dans Le Monde diplomatique. Il est à remarquer que dans le Finanz -und Börsenlexikon de U. Bestmann (Beck-Wirtschaftsberater im dtv, 1997) il n’est question ni de Zahlungsaufforderung, ni de Nachzahlung. En revanche, à propos de der Nachschuß, il est écrit : « Geldleistung, die insbesondere von Gesellschaftern beim Vorliegen gesetzlich oder satzungsmäßig festgelegter Voraussetzungen über die Einlage (apport, mise de fonds, Y.B.) hinaus zu erbringen ist ». Il existe même un devoir, eine Nachschußpflicht, auquel ne peuvent se dérober les actionnaires.
 

Arbre à cames

Les dictionnaires qui ont cette entrée (BL, WM, SV) donnent die Nockenwelle auquel Grappin ajoute : die Daumenwelle, que ne connaissent ni le Deutsches Universalwörterbuch ni le Duden Bildwörterbuch. Pas d’arbres à cames dans le corpus nancéien, ni dans MultiConcord, ni dans Le Monde diplomatique.
 

Arbre à pain (artocarpus, artocarpe)

Les dictionnaires qui s’intéressent à ce végétal (G, P) donnent der Brotfruchtbaum, Bertaux et Lepointe met Frucht entre parenthèses : der Brot(frucht)baum. Pas d’occurrences de cette plante dans les documents dont je dispose.
 

Arbre de transmission

La plupart des dictionnaires optent pour die Übertragungswelle, mais Sachs-Villatte, rejoignant sur ce point le Bertaux et Lepointe, donne die Transmissionswelle. On constate ici, ce que nous avions noté pour accélérateur de particules, que le terme allemand tend à être concurrencé, voire supplanté par le terme international. En l’absence d’occurrences de ce mot dans le corpus, on s’en remettra à l’avis du dictionnaire.
 

Arbre de vie

Les dictionnaires F-A (P, SV), se référant à la Bible proposent der Baum des Lebens. Le Deutsches Universalwörterbuch donne également der Lebensbaum, se référant lui aussi à l’Ancien Testament (1. Mos. (Moïse Y.B.) 3, 22), donc comme synonyme de Baum des Lebens, et aussi pour désigner die Thuja, l’arbre bien connu. Cet arbre ne pousse pas dans le corpus nancéien. Mais dans la traduction que donne Taz d’un article du Monde diplomatique, c’est der Baum des Lebens qui est choisi :
« Son détracteur en revanche mise sur l’image d’un héraldique pommier, semblable à l’Arbre de vie de La Quête du Graal » (E. Suchier, Y. Jeanneret : « L’élection présidentielle, ou la quête du Graal », juillet, 95, pp.18-19).« Sein Widersacher setzt dagegen auf das Bild eines heraldischen Apfelbaums, der dem Baum des Lebens bei der Graalssuche gleicht. » ( T950714.238, p.13)
  
 

Arc de cercle

Il y a d’un côté un terme technique (géométrique) tout à fait défini et de l’autre l’emploi que font du mot écrivains et traducteurs.
« L’ensemble des points d’un cercle situés d’un même côté d’une corde » se dit en allemand, tous dictionnaires F-A confondus : der Kreisbogen. Pons ajoute : en arc de cercle : kreisförmig et : s’asseoir, se placer, être assis en arc de cercle : im Halbkreis.
C’est par en arc de cercle que trois traducteurs de Kafka traduisent im Bogen.
« Er warf seine Mütze, auf der ein Goldmonogramm, wahrscheinlich das einer Bank, angebracht war, über das ganze Zimmer im Bogen auf das Kanapee hin (…) » (Die Verwandlung, p.53)« Il jeta sur le canapé sa casquette ornée d'un monogramme doré – sans doute celui d'une banque - en lui faisant décrire un arc de cercle à travers toute la pièce (…) » (La métamorphose, traduction de J.-J. Briu, p. 95),
  
A l’inverse, arc de cercle n’est pas traduit par der Kreisbogen. Voici la traduction de trois passages du même livre.
« Après le déjeuner, il s'asseyait dans l'herbe, devant la famille en arc de cercle, en face du chef-d'œuvre millénaire, et jusqu'au soir, il le regardait » (M. Pagnol, La gloire de mon père, p. 14)
« Il y eut une dernière côte, aussi rude que la première. Grâce à une volée de coups de trique, le mulet, sous un dos en arc de cercle qui se détendait brusquement, et hochant la tête à chaque coup de collier (…) » (p.92)


« Ils continuèrent leur marche : mais comme ils avaient dépassé mon observatoire, je me retirai avec précaution, et sur l'immense plateau de garrigue, je décrivis un nouvel arc de cercle, afin de les dépasser à mon tour. » (p.174)
« Nach dem Essen setzte er sich ins Gras, die Familie gruppierte sich im Halbkreis um ihn herum. » (Der Ruhm meines Vaters, p. 10)

« Nun kam noch eine letzte Steigung, genauso steil wie die erste. Das Maultier zog den schwankenden Karren ruckweise bergauf. Angefeuert durch eine Salve von Knüppelhieben, den rund gebogenen Rücken plötzlich entspannend, schüttelte das Maultier bei jedem Ruck den Kopf (…) » (p.57)

« Sie setzten ihren Marsch fort, und als sie an meinem Beobachtungsposten vorbeigegangen waren, zog ich mich vorsichtig zurück. Auf der weiten, steinigen Hochebene beschrieb ich wieder einen großen Bogen, um ihnen meinerseits zuvorzukommen. » (p. 108)
  
Deux derniers exemples : l'un n’est pas le seul où der Bogen suffit, l'autre montre qu’il faut, pour bien traduire, bien se représenter, visualiser en quelque sorte, ce dont il s’agit :
« En passant la première fois, j'avais bien repéré le chemin : tout en ligne droite, un arc de cercle sur la gauche autour de la clairière, le petit pont et ça y était. » (J. Joffo, Un sac de billes, p.72)

«Betty venait juste de ramasser un peigne, elle le tenait dans la main, un truc bon marché en plastique transparent, dans les rouges, avec des grosses dents. Elle s'est relevée d'un bond tout en se retournant et son bras a tracé un arc de cercle dans les airs. D'un coup de peigne, elle lui a ouvert la joue. » (Ph. Djian, 37,2 le matin, p.117)
« Schon beim ersten Mal hatte ich mir den Weg gut eingeprägt: geradeaus, ein Bogen nach links um die Lichtung herum, die kleine Brücke, und schon war's geschafft. » (Ein Sack voll Murmeln, p.65)

« Betty hatte gerade einen Kamm aufgehoben und hielt ihn jetzt in der Hand, ein billiges Ding aus durchsichtigem, rötlichem Kunststoff mit großen Zacken. Sie sprang auf und fuhr herum, und ihr Arm kreiste durch die Luft. Sie riß ihm mit dem Kamm die Backe auf. » (Betty Blue, p.125)
  
 

Arc de triomphe

Il y a d’un côté l’arc de triomphe en général pour lesquels les dictionnaires proposent der Triumphbogen (parfois der Siegesbogen, die Ehrenpforte (BL), das Siegestor (G) et de l’autre le célèbre monument parisien, pour lequel les traducteurs, imitant ainsi le titre du roman de Remarque (Arc de Triomphe), utilisent souvent der Arc de Triomphe. Toutefois, le journaliste Scholl-Latour et le traducteur de Joffo préfèrent garder le nom allemand :
«on les avait photographiées dans des rues, devant des monuments: la tour Eiffel, l'Arc de Triomphe et pour finir le Sacré Cœur. » (F. Joffo, Un sac de billes, p. 89)« Man hatte sie auf den Straßen und vor Denkmälern aufgenommen: vor dem Eiffelturm, dem Triumphbogen und schließlich vor Sacré Cœur. » (Ein Sack voll Murmeln, p.81)
  
 

Argent liquide

Les rares occurrences de ce mot dans le corpus (ainsi dans die Verwandlung) correspondent toutes à das Bargeld.
« der natürlich ganz andere Möglichkeiten des Geldverdienens hatte, und dessen Arbeitserfolge sich sofort in Form der Provision zu Bargeld verwandelten, das der erstaunten und beglückten Familie zu Hause auf den Tisch gelegt werden konnte. » (F. Kafka p.43)« avec bien entendu de tout autres possibilités de gain; et ses succès professionnelss'étaient immédiatement transformés, à titre de provision, en argent liquide qu'à la maison il pouvait étaler sur la table devant la famille étonnée et ravie. » (La métamorphose, trad. De J-J.Briu, p. 71)
  
Mais les traducteurs de Taz ne se sentent pas liés par ce mot. Ainsi :
« Le placement, ou prélavage, consiste à transférer argent liquide et devises du lieu d’acquisition vers les établissements financiers de différentes places, ventilés par une multiplicité de comptes. » (Ch. De Brie, « Descente aux enfers des paradis », Le Monde diplomatique, avril 2000, p. 8)« Im Vorwaschgang treffen die Gelder von ihrem jeweiligen Erwerbsort ein und verschwinden bei den lokalen Finanzinstituten, auf verschiedenen Konten. » (T000414.271)
  
Argent liquide a comme pluriel liquidités. Le Dictionnaire économique et financier propose : Liquidität, Flüssigkeit, Bargeld, Barmittel, flüssiges Kapital, flüssige (liquide) Mittel. Mais, comme pluriel d’argent liquide, on s’intéresse essentiellement à liquide Mittel, dont le Finanz -und Börsenlexikon de U. Bestmann donne la définition suivante : « (flüssige Mittel) Kassenbestände, (Bargeld), Bank- und Postscheckguthaben sowie bei Bedarf sofort liquidierbare Vermögensbestände (Schecks, rediskontfähige Wechsel, Wertpapiere) der Unternehmung » et bien entendu des particuliers (Y.B). Qu’en est-il des traductions ?
« Nicht Bankraub, sondern totale Ausplünderung eines Safes, der den Wehrsold für zwei Regimenter und erhebliche Geldreserven enthielt » (H. Böll, Die verlorene Ehre der Katharina Blum, p. 113)« Il ne s'agit donc pas d'un cambriolage de banque, mais du pillage intégral d'un coffre-fort renfermant la solde de deux régiments ainsi que d'importantes réserves de liquidités. » (L’honneur perdu de Katharina Blum, p. 117)
  
« Mais cette phase voit également le transfert de liquidités du secteur productif (moins profitable) vers la spéculation (…) » (I. Wallerstein : « C’était quoi le Tiers Monde ? », Le Monde diplomatique, août 2000, p. 18)

« Avec la connivence des banques, qui débordaient de liquidités à cause des pétrodollars (…) » (J.M. Tortosa : « L’équateur en éruption », Le Monde diplomatique, mars 23000, p. 19)
« In dieselbe Phase fällt die Abwanderung von Kapital aus der (nicht mehr so profitablen) Produktionssphäre in spekulative Unternehmungen (…) » (T000811.37)

« Mit dem Wohlwollen der Banken, die durch die Petrodollars einen Liquiditätsüberschuß hatten (…) », (T000317.229)
  
D’autres exemples (il y en a 137 dans Le Monde diplomatique 1980-2000 et nombre ont été traduits dans Taz) montreraient que la traduction de liquidités n’est pas automatique, mais varie du vague au précis, selon le contexte et les libertés que prend le traducteur.
 

Argent sale

1. Schmutziges Geld existe. Taz (1998-2001) en donne une dizaine d’exemples. En voici deux, le premier sur une base anglo-saxonne, le second comme traduction d’un article du Monde diplomatique, car on peut se poser la question de savoir si le terme allemand n’est pas un calque de l’anglais ou du français, lui-même calqué sur l’anglais :
« Wer schmutziges Geld waschen will, hat unendlich viele Möglichkeiten, den Behörden das Leben schwer zu machen » (« Bush macht mächtig Druck », interview de A. Lautz, 01.09.29). « Finanzkrisen und schmutziges Geld », titre allemand de l’article de G. Fabre, «Du blanchiment aux crises » (T000414.259).

2. Mais l’allemand préfère, et de loin, das Schwarzgeld. Pour la même période de référence, Taz en contient 151 exemples, soit quinze fois plus que schmutziges Geld. Il est vrai que la plupart des occurrences ont trait à la corruption d’individus et au financement occulte des partis politiques allemands, car Schwarzgeld désigne toute « illegale Einnahme » (Duden : Die deutsche Rechtschreibung, 2000), alors qu’argent sale fait surtout penser à l’argent de la drogue, de la prostitution et du racket, même si dans certains pays, cet argent ‘mafieux’ sert à acheter des personnes et à financer des partis, voire le terrorisme.

3. Dans les textes du Monde diplomatique, on trouve souvent argent sale dans la locution blanchiment de l’argent sale et alors la traduction de Taz est systématiquement die Geldwäsche, où la notion de saleté est implicitement exprimée par die Wäsche, car il ne viendrait à l’idée de personne de laver ce qui est propre. Un exemple suffira :
« Depuis la fin de la guerre froide, en 1991, il s’agit de maîtriser de nouvelles menaces : trafic de drogue, blanchiment de l’argent «sale », immigrations illégales, terrorisme, atteintes à l’environnement » (Jeannette Habel : « Intégration à marche forcée pour les Amériques », Le Monde diplomatique, oct. 200, p.12)« Nach dem Ende des Kalten Krieges im Jahr 1991 haben sich neue Gefahren ergeben : Drogenhandel, Geldwäsche, illegale Einwanderung,Terrorismus, Umweltzerstörung » (T001013.28)
  
 

Argument massue

Durchschlagendes Argument (WM), schlagendes Argument (SV), schlagkräftiges Argument, überzeugend, schlagend, ein Totschlagargument (P). Force nous est de nous contenter de ces propositions, car argument massue n’apparaît pas dans le corpus nancéien et la seule occurrence dans Le Monde diplomatique date de 1989 et n’est donc pas traduite dans Taz.
 

Arme à feu (1)

La plupart des dictionnaires proposent die Schußwaffe, sauf Pons : Feuerwaffe, Der Militärische Dolmetscher (Rupied et Conrad) donnant les deux. Stricto sensu, Schußwaffe devrait convenir aussi aux arcs et arbalètes, mais dans la guerre moderne situation et contexte suffisent à lever les doutes. C’est d’ailleurs Schußwaffe qui est utilisé dans l’unique exemple de MicroConcord. En revanche, le traducteur de Cavanna (Les Russkoffs) préfère die Feuerwaffe. Quand le contexte est clair, Waffe suffit. Ainsi dans cet exemple :
« (…) les démonstrations de force policières et autres intimidations à l’arme à feu font encore partie du quotidien. » (J.F. Pérouse : « Colère et humiliation des Alévis », Le Monde diplomatique, juin 1996, p. 16)« (…) die Machtdemonstrationen der Polizei und Bedrohungen mit vorgehaltener Waffe –all das gehört nach wie vor zum Alltag. » (T960614.263)
  
Note : Pour ne pas allonger inutilement la liste des entrées, je donne la traduction standard de : arme atomique / Atomwaffe, arme chimique/chemische Waffe, arme nucléaire/Kernwaffe.
 

Arme blanche

Les dictionnaires qui ont une entrée arme blanche (par ex. WM, G) s’accordent sur blanke Waffe (mais Bertaux et Lepointe propose aussi Stoßwaffe et Hiebwaffe) et le corpus nancéien donne un exemple de cette traduction à l’arme blanche/ mit der blanken Waffe (M. Aymé : La jument verte/Die grüne Stute, pp. 139/93).
Mais les traducteurs de Taz optent parfois pour d’autres solutions avec les articles du Monde diplomatique.
« (…) ce qui n’empêcha pas deux mois plus tard six kamikazes de la gamaa islamiya d’abattre à la mitraillette et à l’arme blanche les touristes de Louqsor. » (E. Rouleau : « Les impasses des mouvements islamistes en Egypte », Le Monde diplomatique, jan. 1998, p. 22)« (…) Aber zwei Monate später brachte ein sechsköpfiges Selbstmordkommando der Dschamaa Islamija mit Maschinengewehren (1) und Messern die Touristen in Luxor um » (T980116.442)
  
« L’Algérie (…) est balayée, depuis l’été dernier, par une vague de tueries nocturnes à l’arme blanche d’une exceptionnelle cruauté. » (B. de Salies : « Les luttes de clan exaspèrent les guerres civiles », Le Monde diplomatique, oct. 97, p. 12)« Seit dem Sommer dieses Jahres erlebt Algerien (…) eine Welle von außerordentlichen Bluttaten (…). Nächtliche Gemetzel mit Hieb –und Stichwaffen » (T971017.365)
  
Note : Le traducteur confond mitrailleuse (das Maschinengewehr) et mitraillette (die Maschinenpistole). Errare humanum est. Mais l’association d’une arme assez lourde et d’un simple couteau prête à sourire.
 

Arme du crime

Pons nous propose die Mordwaffe et die Tatwaffe. Böll préfère die Tatwaffe :
« Obwohl man bald herausfand, daß die Tatwaffe, die man neben Tötges fand, keinesfalls die Waffe sein konnte, mit der Schönner getötet worden war,(…) » (Die verlorene Ehre der Katharina Blum,p.10)« Et si l'on avait rapidement compris que l'arme du crime retrouvée près du corps de Tötges ne pouvait en aucun cas être celle ayant servi à tuer Schönner (…) » (L’honneur perdu de Katharina Blum, p.9)
  
Ce qui ressort de cet exemple c’est que la situation et le contexte étant clairs, on peut reprendre Tatwaffe par le simple Waffe, le traducteur français préférant employer le démonstratif. Dans un autre passage du même livre, le traducteur a utilisé arme du crime pour traduire le mot die Pistole : « auch die Pistole (eine 08), über deren Herkunft nur Borna Bescheid weiß, (…) » (p.14)/ « Ainsi que l’arme du crime (un O8) dont Borna seul connaît la provenance (…) » (p. 12).
 

Armoire à glace

C’est moins le meuble : der Spiegelschrank, qui intéresse le traducteur que l’emploi du mot pour désigner familièrement un homme de forte carrure. A ce propos, la traduction du Grappin : der Muskelprotz ne convient pas. Il ne s’agit pas en effet d’un homme qui fait étalage de sa musculature, mais simplement d’un ‘costaud’, comme le dit Pons, qui propose der Kleiderschrank, dont la définition est : « (ugs) ein großer, breitschultriger, kräftiger Mann » (Deutsches Unversalwörterbuch). L’acteur Curd Jürgens avait pour surnom der normannische Kleiderschrank. Dans le corpus nancéien, on trouve : ein richtiger Kleiderschrank, ein Kleiderschrank von Mann et ein Kleiderschrank von einem Kerl, comme dans cet exemple :
« Donc, ils sont deux. Une armoire à glace qui semble faire tout le boulot et une longue asperge maigre qui semble ne rien foutre du tout, sinon des entrechats en emballant mes porcelaines dans de la mousse de polyester. » (J.-L. Benoziglio, Cabinet-Portrait, p. 18)« Sie sind also zu zweit. Ein Kleiderschrank von einem Kerl, der die ganze Plackerei zu erledigen scheint, und ein langer, dürrer Spargel, der gar nichts zu tun scheint, außer im Sechseck zu springen, während er mein Porzellan in Schaumstoff verpackt. » (Porträt Sitzung, p. 16)
  
La suite est intéressante : ce personnage reçoit le nom de Armoire à glace tout au long du texte. Le traducteur se contente de le dénommer Schrank. Et l’on retrouve ce qui a déjà été constaté maintes fois : quand le contexte est clair, on se limite au dernier composant : Tatwaffe donne Waffe, Fahrrad donne Rad, Kleiderschrank donne Schrank.
 

Arrêt de travail

Il convient de bien distinguer (ce que ne font pas tous les dictionnaires F-A) entre deux sens : a) un arrêt de travail général dans le cadre d’un conflit social : die Arbeitsniederlegung (G, SW, P) ou pour des raisons techniques ou de chômage : die Arbeitseinstellung, die Arbeitsunterbrechung, die Arbeitsaussetzung (SW) et b) un arrêt de travail individuel pour raison de santé : die Beurlaubung wegen Krankheit (P), die Krankschreibung (G) , d’où l’expression il est en arrêt de travail/er ist krank geschrieben. Un seul exemple d’arrêt de travail dans le corpus, mais il montre qu’il y a place pour d’autres traductions :
« Tout témoin est présumé coupable, et tout présumé coupable a toutes chances, sortant de chez ces messieurs, de bénéficier d'un arrêt de travail d'au moins une semaine. » (J.L. Benoziglio, Cabinet-Portrait, p. 154)« Jeder Zeuge gilt bis zum Beweis des Gegenteils als schuldig, und jeder Verdächtige hat beste Aussichten, wenn er bei diesen Herren herauskommt, mindestens eine Woche lang nicht zur Arbeit zu müssen. » (Porträt Sitzung, p. 154)
  
 

Arrêt du cœur

Seul Weis-Mattutat propose une traduction : der Herzschlag. Mais ce mot ne signifie-t-il pas aussi battement de cœur ? Le Deutsches Universalwörterbuch nous le confirme. Mais alors comment savoir s’il s’agit de l’un ou l’autre sens ? La réponse se trouve dans le contexte. Einen langsamen Herzschlag haben signifie que le cœur bat lentement. Mais pour un arrêt cardiaquezum Tod führender plötzlicher Ausfall der Herztätigkeit »), on aura les locutions : einen Herzschlag erleiden, einem Herzschlag erliegen. La morale de l’histoire est que quand un même mot a plusieurs sens bien différents, le dictionnaire doit indiquer le contexte qui lève l’ambiguïté.
Pour en revenir à arrêt cardiaque (puisque c’est bien de cela qu’il s’agit), Pons donne : der Herzstillstand. Et c’est ce mot que choisit le traducteur de R. Forlani :
« Mais... mais qu'est-ce que c'est que ça ? ça n'a pas été de la surprise. Il était époustouflé. Au bord de l'attaque, de l'arrêt du cœur. » (Gouttières, p. 443)« Aber… nanu, was ist denn das ? Das war mehr als eine Überraschung. Er war total baff. Kurz vorm Infarkt, zum Herzstillstand. » (Die Streunerin, p. 280)
  
 

Arrêts de rigueur

Les punitions infligées aux officiers sont, par ordre croissant, les arrêts simples (interdiction de quitter la caserne), les arrêts de rigueur (obligation de rester dans sa chambre) et les arrêts de forteresse (c'est-à-dire un emprisonnement). Der Militärische Dolmetscher (Rupied et Conrad, Charles Lavauzelle, 1956) ne mentionne pas les arrêts de forteresse et distingue seulement entre der Arrest et der Stubenarrest. Pour Grappin (G), Stubenarrest désigne (à tort) les arrêts simples et strenger Arrest les arrêts de rigueur. C'est Sachs-Villatte (SV) qui nous donne la meilleure traduction : la gradation est einfacher Arrest, verschärfter Arrest et Festungshaft. Voilà pour l'aspect 'technique', mais qu'en est-il de la traduction 'littéraire' ?
Les seuls arrêts de rigueur du corpus nancéien (1) se trouvent chez J.B. Pouy :
« (…) et s'ils venaient me chercher, ce n'était pas pour me filer la médaille, c'était pour m'empêcher de continuer mes conneries. Les arrêts de rigueur, c'était pour ma pomme, en attendant pudiquement l'enquête, comme ils disent. » (La clef des mensonges, p. 53)« (…) und wenn sie mich abholten, dann nicht, um mir eine Auszeichnung zu überreichen, sondern um mich daran zu hindern, meine Verrücktheiten fortzusetzen. Sofortige Entlassung für meine Wenigkeit, um - wie man es nennt - den Gang der Ermittlungen in Ruhe abzuwarten. » (Der Schlüssel zur Affäre, p. 53)
  
Il ne semble pas que le traducteur ait une idée précise du statut du militaire (ici il s'agit d'un gendarme) ou du policier. On ne les congédie pas (2). Dans ce cas, 'en attendant l'enquête', sie werden vom Dienst suspendiert, comme on l'entend souvent dans les téléfilms d'outre-Rhin. Deux occurrences d'arrêts de rigueur dans Le Monde diplomatique, mais sans traduction dans Taz.

Note 1 : Je rappelle que ce corpus a été établi par le Groupe de Lexicographie franco-allemande de l'Université de Nancy 2 et mis à ma disposition sous forme de CD.
Note 2 : Comme je l'ai entendu dire à un officier de marine qui voulait convaincre des matelots de rester dans la 'Royale' : « Quand vous faites une connerie, nous on vous fout dedans, dans le civil, on vous fout dehors ! » Comment mieux expliquer la différence entre une sanction militaire et un licenciement pour faute grave ?
 

Art de vivre

L'accord des dictionnaires et du corpus se fait sur die Lebenskunst. Toutefois d'autres possibilités existent, qui nous montrent, si besoin était, qu'il ne faut pas traduire automatiquement un mot par un autre, même si en l'occurrence, la traduction peut surprendre :
« Mais le luxueux supplément dominical du Figaro est si fort de son portefeuille publicitaire ciblé au millimètre sur l'art de vivre' (et ceux qui peuvent se l'offrir) (…) »(E. Roskis, « Le crédit perdu du photojournalisme » ; Le Monde diplomatique, nov. 98, p. 24)« Aber die edle Sonntagsbeilage wurde von der Anzeigenabteilung rigoros auf 'Lifestyle' (und das entsprechend finanzkräftige Publikum) getrimmt (…) » (Taz, T981113.356)
  
Mais il n'est pas nécessaire d'avoir recours à l'anglo-américain. Toutefois, il importe de faire attention à la structure grammaticale :
« Il trouva à l'hôtel la marquise et sa fille, qui arrivaient d'Hyères. Julien était un dandy maintenant et comprenait l'art de vivre à Paris. »(Stendhal, Le rouge et le noir, p. 302)« Zu Hause fand er die Marquise und ihre Tochter vor, die eben von Hyères angelangt waren. Julien war jetzt ein rechter Dandy und verstand sich auf die Kunst, in Paris zu leben. » (Rot und Schwarz, p. 344)
  
Le traducteur a bien vu qu'il ne fallait pas interpréter : (art de vivre) + à Paris, mais : art + (de vivre à Paris).
 

Art nègre

Pas d'art nègre dans les dictionnaires FA, sauf Sachs-Villatte (die Negerkunst) ni dans Deutsches Universalwörterbuch. Un exemple dans Le Monde diplomatique traduit dans Taz ;
« Des statuettes de bois les représentent déjà avec casques et fusils, les figeant dans 'l'art nègre' » (R. Galy, « Pauvres blancs d'Abidjan », août 98, p.10)« Es gibt bereits Holzstatuetten, die die alten Kolonialherren mit Helm und Gewehr darstellen und sie auf diese Weise in der 'Negerkunst' verewigen .»
  
Il y a deux autres occurrences de Negerkunst et toutes les deux, comme celle de notre tableau sont données entre guillemets : « Negerkunst ». Sans doute parce que le mot nègre a une nuance péjorative. Toutefois, dans l'unique occurrence de Die Zeit (1999), le mot est écrit sans guillemets. Le Keysers Kunst- und Antiquitätenbuch (III) parle de Afrikanische Kunst, où manifestement l'art ainsi désigné est celui de l'Afrique noire.
 

Art nouveau

Le terme technique, celui consacré par l'histoire de l'art est admis tel quel en allemand avec hésitation sur le genre : der ou das Art nouveau, ainsi défini : « Bez. Für Jugendstil in England u. Frankreich » (Deutsches Universalwörterbuch). De même, le Keysers Kunst und Antiquitätenbuch (III) parle d'Art Ancien. Le traducteur de Taz n'a pas gardé le mot français dans sa traduction du Monde diplomatique :
« Il façonna l'extraordinaire univers de Little Nemo in Slumberland, le petit Nemo aux pays des rêves (1) , planches magnifiques de style Art Nouveau(…) » (Ph. Videlier, « Les héros de la guerre du paiper » (sic), déc. 98, p. 28)« Little Nemo in Slumberland erschien in Form prachtvoller Jugendstil-tableaus(…) »(T. 961213.260)
  
Quand il ne s'agit pas d'un courant de l'histoire de l'art, mais quand on se borne à dire qu'il s'agit d'un art qui est nouveau (pour celui qui le découvre), art nouveau traduit neue Kunst, comme dans l'unique exemple de notre corpus nancéien :
« Und Grenouille, obwohl er doppelte Arbeit verrichtete, genoß es, allein zu sein, sich in der neuen Kunst zu perfektionieren und gelegentlich kleine Experimente zu machen »(P. Süskind, Das Parfum, p. 252)« Et Grenouille, bien qu'il eût deux fois plus de travail, était heureux d'être seul, de pouvoir se perfectionner dans cet art nouveau et, à l'occasion, se livrer à de petites expériences. »(Le parfum, p.227)
  
Note : Il est piquant de constater que l'auteur de l'article traduit le titre américain, tandis que le traducteur allemand ne se donne pas cette peine, pensant que les lecteurs de Taz ont suffisamment de connaissances de l'anglais pour comprendre que Little Nemo in Slumberland signifie : le petit Némo aux pays des rêves.
 

Art sacré

Si art moderne (moderne Kunst) et art nouveau (neue Kunst) font l'unanimité dans les dictionnaires et dans le corpus, il n'en va pas de même pour art sacré. Sachs-Villatte (le seul dictionnaire qui s'intéresse à cet art) donne sakrale Kunst. Mais dans l'émission télévisée hebdomadaire, Kunst und Krempel, c'est de religiöse Kunst qu'il est question (1), plus exactement religiöse Volkskunst. Mais comme sacré s'oppose à profane, si la religion dont il est question est la chrétienne, alors pourquoi ne pas écrire christlich, comme le fait le journaliste de Taz ?
« Zwei Dutzend Devotionalienläden (christliche und profane Kunst) preisen den Herrn und Vertreter mit Kerzen, Kreuzen, Krippen (…) » (Taz Bericht von B. Müllender, 1987, 04,29)
Mais il peut arriver que l'expression art sacré prenne un sens particulier, comme dans cet exemple :
« Pour Vailland, l'écriture n'était pas un " art sacré " : elle relevait du travail, de la diététique, de la planification et d'une utilisation méthodique des capacités de l'esprit. »(Madeleine Chapsal, Envoyez la petite musique !, p.110)« Für Vailland war Schreiben keine »heilige Kunst« : es war das Ergebnis von Arbeit, Selbstdisziplin, Planung und methodischer Anwendung geistiger Fähigkeiten. »(Französische Schriftsteller intim, p. 110)
  
Cet exemple nous montre qu'avant de traduire, il faut toujours se demander ce qu'a voulu dire l'auteur et non point remplacer mécaniquement un mot ou une expression par le mot ou l'expression qui dans la langue étrangère correspond d'ordinaire, mais qui en l'occurrence ne convient pas. Dans le texte de Chapsal, ni sakral, ni religiös, ni christlich n'auraient convenu.

Note : Cette émission, qui fait honneur à la télévision allemande, est diffusée sur les chaînes Bayern, Alpha et 3 SAT. A partir de cette émission ont été publiés trois volumes : Kunst und Krempel Wie echt kann falsch sein (herausgegeben von Gabriela : Löwe-Hampp, Deutscher Kunstverlag München Berlin). L'un des chapitres s'appelle : Religiöse Volkskunst.
 

Article de la mort

Ne se rencontre d'ordinaire que dans l'expression être à l'article de la mort. Expression souvent traduite par les dictionnaires F-A. Ainsi : im Sterben liegen (BL, SV), im Sterbebett liegen (G), im Sterben liegend, jd liegt im Sterben (P). Le corpus nous donne d'autres possibilités qui épousent le ton du texte. On notera que dans l'extrait suivant le traducteur n'a pas proposé la même traduction des deux à l'article de la mort, mais qu'il a ménagé une gradation :
« Salope ! Salope ! Toujours tenir tête, hein ? Même à l'article de la mort, tu tiendrais tête ! Mais tu vas y être, à l'article de la mort, et tout ton orgueil ne te servira de rien ! On va t'oublier dans ton cul de basse fosse » (J. Canolle, La maison des esclaves, p. 190)« »Du Miststück, du elendes! Immer noch den Kopf oben, wie? Selbst im Sterben wirst du die Nase noch hochtragen! Bald bist du soweit, doch beim Krepieren wird dein ganzer Stolz dir nichts mehr nützen! Man wird dich einfach in deinem dreckigen Loch vergessen, weil du niemanden mehr interessierst! »(Die Mulattin, p. 186)
  
Autres possibilités : in seiner Todesstunde (traduction de Cavanna : Les Russkoffs/Das Lied der Baba, p. 226/257). A l'inverse, c'est par à l'article de la mort qu'ont été traduits le todkrank sein d'E.-M. Remarque : Der schwarze Obelisk/L'obélisque noir, pp. 408/272) et le krank auf den Tod de P. Süskind (Das Parfum/Le parfum, pp. 132/148).
 

Artiste peintre

Bertaux et Lepointe se contente de der Maler, les autres proposent der Kunstmaler, die Kunstmalerin. C'est aussi par ce mot qu'est traduit l'artiste peintre de Madame Bovary (III, 11/ rororo, p. 230). Mais on a :
« D'une saleté bon enfant. Sale comme son immense atelier d'artiste. D'artiste peintre animalière. »(R. Forlani, Gouttière, p. 124)« Also eine nicht unangenehme Art von Dreck, der sie nur noch sympathischer machte. Sie wohnte in einem riesigen Künstleratelier. Sie war Tierporträtmalerin(…) » (Die Streunerin, p.81)
  
 

Arts appliqués

Certains dictionnaires F-A sont silencieux, d'autres, comme Sachs-Villatte, mettent dans la même rubrique arts appliqués, décoratifs, industriels et traduisent : das Kunstgewerbe ou angewandte, dekorative Kunst ; Kunsthandwerk. Le corpus nancéien ne contient qu'une seule occurrence, malheureusement sans traduction. Trois occurrences dans Le Monde diplomatique, mais là encore sans traduction.
 

Arts libéraux

Les dictionnaires F-A qui s'intéressent à ces arts sont d'accord pour die freien Künste. Sachs-Villatte précise même : les (sept) arts libéraux : die (sieben)Freien Künste, die Artes liberales. Nous ferons confiance aux dictionnaires, car ni le corpus ni Le Monde diplomatique ne donnent rien.
 

Arts mécaniques

Bertaux et Lepointe donne mechanische Künste. Selon Sachs-Villatte : handwerkliche (Erwerbs)künste. Rien dans les autres dictionnaires, rien dans le corpus, rien dans Le Monde diplomatique.
 

Arts ménagers

Hauswirtschaft (pour Weis-Mattutat). De même Pons : les travaux/arts ménagers : die Hausarbeit/die Hauswirtschaft. Grappin déclare, de façon surprenante : Haushaltswaren. Pour ce mot, le monolingue Deutsches Universalwörterbuch dit : Haushaltsartikel. On voit mal comment des marchandises ou des articles qui sont des produits peuvent désigner des arts. Aussi Sachs-Villatte n'a-t-il pas tort d'éclairer notre lanterne en proposant une traduction-définition : « Industriezweig, der Haus-und Küchengeräte, moderne Küchen etc. herstellt ». La traduction-définition est révélatrice du fait que le terme d'une langue n'a pas de correspondance précise, d'équivalence dans l'autre langue. Malheureusement ni le corpus, ni Le Monde diplomatique ne s'intéressent à ces arts.
 

Asile d'aliénés

La traduction générale des dictionnaires F-A est die Irrenanstalt, dont le Deutsches Universalwörterbuch nous dit : « (früher) die psychiatrische Klinik ». On se sent déjà mieux. Le même ouvrage propose aussi : das Irrenhaus, et renvoyant à die Irrenanstalt donne un exemple : « Ich bin bald reif fürs Irrenhaus : (ugs) kann diese Situation kaum noch länger durchstehen ». Il semblerait donc que Irrenhaus soit plus familier que Irrenanstalt, ce mot de Anstalt ayant un aspect administratif. En tout cas, les deux termes figurent dans le corpus et dans les traductions du Monde diplomatique et ce dans des occurrences qui n'apportent rien à l'exemple de Deutsches Universalwörterbuch. Toutefois, dans Taz entre 1995 et 2001, on trouve 117 Irrenhaus et 64 Irrenanstalt. Pour une période à peu près correspondante, on ne trouve dans Taz que 80 psychiatrische Klinik. Soit moins que la somme des Irrenhaus et Irrenanstalt. Comme en plus asile de fous (cf. ci-dessous) est aussi traduit par Irrenanstalt et Irrenhaus, on voit que ces deux mots ont encore la vie dure.
 

Asile de fous

Ce mot est l'expression courante, alors que l'asile d'aliénés désigne le même établissement d'une façon plus douce. On observe effectivement une tendance générale de la langue à se montrer compatissante avec les personnes malades ou handicapées. Les mal voyants et les non voyants (Sehbehinderten) remplacent les aveugles, les déficients auditifs (die Gehörlosen) les sourds, etc. La question qui se pose est alors de savoir si la traduction est la même pour asile d'aliénés ou asile de fous ? La réponse, nous l'avons vu, est oui. Plus exactement, dans les trois occurrences du corpus, on a die Irrenanstalt. Un exemple suffira :
« - Ils deviendront fous et il faudra les enfermer.
- Mais comme c'est marqué dehors ils ne le sauront pas. - On n'aura qu'à faire un grand mur autour, et dessus on écrira : Asile de fous. »(Christiane Rochefort, Encore heureux qu'on va vers l'été, p. 15)
« »Sie werden verrückt werden, und man wird sie einsperren müssen.«
»Ja, aber das steht ja dann draußen, so daß sie es nie wissen werden.« »Man braucht nur eine große Mauer drum herum bauen und darüber zu schreiben:
Irrenanstalt.« » (Zum Glück geht's dem Sommer entgegen, p. 17)
  
Comme le livre est écrit en français très familier et que la traduction épouse d'ordinaire ce style, on peut s'étonner qu'asile de fous ne soit pas traduit par die Klapsmühle. L'explication nous est donnée par le passage : on peut dire die Klapsmühle, mais sur la porte de l'établissement on ne l'écrira pas.
 

Asile de nuit

Pas d'unanimité dans les dictionnaires qui ont cette entrée : das Asyl für Obdachlose, Nachtherberge (BL), Nachtasyl (WM, SV, P). Pas d'occurrences dans le corpus nancéien, ni de traduction allemande de la seule occurrence du Monde diplomatique, mais dans Taz (de janv. 1995 à oct. 2001), il y a 32 Nachtasyl.
 

Asile de vieillards

L'asile de vieillards est à la maison de retraite (Seniorenheim) ce qu'est l'asile d'aliénés est à la clinique psychiatrique. L'allemand (dictionnaires et corpus) hésite entre das Altersheim et das Altenheim. Le Deutsches Universalwörterbuch donne aussi das Altenwohnheim. Taz (de janv. 95 à nov. 2001) donne le score suivant : 17 Altenwohnheim, 76 Seniorenheim, 211 Altenheim, 242 Altersheim. Voici un exemple pour Altenheim :
« Seine Eltern, im Altenheim. » (B. Kirchhoff, Infanta, p. 333)« Ses parents dans un asile de vieillards » (Infanta, p. 337)
  
Et pour Altersheim :
« L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. » (A. Camus, L'étranger, I, 1.)« Das Altersheim liegt in Marengo, vierzig Kilometer von Algier entfernt. » (Der Fremde, p. 7)
  
 

Assistance publique

Il faut distinguer l'institution proprement dite, pour laquelle l'accord se fait sur die (öffentliche) Fürsorge (ainsi un enfant de l'assistance publique est un Fürsorgekind)et les emplois où l'assistance publique désigne en fait un établissement géré par cette institution, donc das Fürsorgeheim, plus rarement die Fürsorgeanstalt. C'est souvent le cas dans La vie devant soi d'E. Ajar (10 occurrences !). On trouve toujours das Fürsorgeheim, dénomination de la langue courante, et non pas Fürsorgeanstalt, qui est vraiment le terme administratif. Voici un exemple parmi d'autres :
« et pendant des semaines j'ai continué à chier partout pour me venger. Madame Rosa a fini par me dire que si je continuais c'était l'Assistance publique et là j'ai eu peur, parce que l'Assistance publique c'est la première chose qu'on apprend aux enfants. » (p.14)« und wochenlang habe ich überall hingeschissen, um mich zu rächen. Madame Rosa hat schließlich zu mir gesagt, wenn ich so weitermache, würde ich in ein Fürsorgeheim kommen, und da habe ich's mit der Angst gekriegt, weil das Fürsorgeheim das erste ist, was man den Kindern beibringt » (Du hast das Leben noch vor Dir, p. 10)
  
Pons a le mérite de ne pas seulement traduire des mots mais aussi des locutions : « qn met qn à l'Assistance publique : jd übergibt jm der Fürsorge, jd steckt jn in ein Heim. »
 

Assistante sociale

Le mot est d'ordinaire employé au féminin. Le terme généralement admis dans les dictionnaires récents est die Sozialarbeiterin, même si les dictionnaires plus anciens donnent : die soziale Fürsorgerin (BL), Wohlfahrtspflegerin, Werkfürsorgerin (WM). Mais le corpus contient d'autres possibilités :
« F. Sagan. - Je n'ai jamais pu envisager de faire autre chose. Je n'ai jamais pu penser que je pourrais être assistante sociale, par exemple. » (Madeleine Chapsal, Envoyez la petite musique, p. 146)« F. S. Ich habe mir niemals vorstellen können, etwas anderes zu tun. Ich war niemals imstande zu denken, ich könnte Sozialhelferin werden, zum Beispiel. » (Französische Schriftsteller intim, p.163)
  
Certes, on a aussi die Sozialarbeiterin :
« On est pas des gens normaux, tu sais... pas seulement des "défavorisés" de banlieue comme on nous le rabâche à la télé... On a été élevés dans une situation de fous... Et l'assistante sociale, elle ! (elle mime l'assistante sociale avec une voix haut perchée): "Vos parents, vous comprenez, (…) » (Victoria Thérame, Bastienne, p. 12)« Wir sind keine normalen Leute, weißt du... Nicht nur "Benachteiligte" aus den Vororten, wie man es uns im Fernsehen dauernd vorkaut... wir sind in einer Situation von Verrückten aufgewachsen... Und dann die Sozialarbeiterin, die erst!» (Mit hoher, verstellter Stimme ahmt sie die Sozialarbeiterin nach.) »Ihre Eltern, verstehen Sie,(…)« »(Bastienne, p. 10)
  
Mais d'ordinaire, le traducteur utilise Jugendfürsorgerin systématiquement (18 fois !) :
« Alors va voir l'assistante sociale et dis-lui que chez toi c'est plus possible et que tu veux entrer en foyer. - Oui, mais lui, tu crois qu'il va me laisser ? Il dira que tout va bien à la maison, et comme je suis pas couvert de bleus, qu'est-ce qu'elle verra, l'assistantesociale ? » (p.162)« Dann geh zur Jugendfürsorgerin und sag ihr, daß du es zu Hause nicht mehr aushalten kannst und daß du in ein Heim willst.« »Ja, aber denkst du, er läßt mich? Er wird behaupten, zu Hause wäre alles in Ordnung, und da ich nicht mit blauen Flecken übersät bin, was kann die feststellen, die Jugendfürsorgerin (p. 142)
  
Toutefois, il faut constater que Taz (1995-2001) contient 367 occurrences de Sozialarbeiterin et aucune de Jugendfürsorgerin ! Dans le corpus allemand de Nancy seul le traducteur de Bastienne utilise ce mot. Le Deutsches Universalwörterbuch connaît certes die Jugendfürsorge (« veraltend : vgl. die Jugendhilfe ») mais non die Jugendfürsorgerin. Cela pose la question de savoir dans quelle mesure on peut se fonder sur la traduction d'un seul ouvrage, même si elle crée un précédent. Mieux vaut se satisfaire de la traduction habituelle.
 

Atout maître

Seul Pons propose une traduction : der höchste Trumpf. On s'en contentera : le corpus nancéien ne contient pas d'occurrence d'atout maître traduite.
 

Avertissement sans frais

Il faut distinguer entre le sens propre et le sens figuré. Au sens propre, on trouve dans le Dictionnaire économique, commercial et financier de J. Boelcke, B. Straub et P. Thiele : gebührenfreie Verwarnung (le contraire, avertissement taxé, étant : gebührenpflichtige Verwarnung). Pons seul s'intéresse au sens figuré et traduit : gutgemeinte Warnung, Warnung im Guten. On peut se demander si le traducteur français de J. Arjouni a raison de traduire par avertissement sans frais l'original :
« LASS DEINE FINGER VON AHMED HAMUL, TÜRKE! ERSTE UND LETZTE WARNUNG!!
Ich hielt den Zettel gegen die Lampe. Kein Wasserzeichen, ganz normales, weißes Schreibmaschinenpapier » (Happy birthday Türke, p. 33)
« LAISSE TOMBER AHMED HAMUL, LE TURC !
AVERTISSEMENT SANS FRAIS ! !
J'inspectai la feuille à la lumière de la lampe. Du papier-machine blanc, sans filigrane, tout à fait ordinaire. » (Bonne fête, le Turc, p. 43)
  
Premier et dernier avertissement existe aussi en français et même la menace que représente letzte Warnung est mieux exprimée par la traduction littérale.
 

Avion à réaction/avion supersonique

Das Düsenflugzeug a remplacé le Turbinen –, Strahlantriebflugzeug (WM) même si Sachs-Villatte propose aussi : Düsenmaschine (comme Pons), et Strahl(trieb)flugzeug. L'allemand courant, en tout cas journalistique, préfère souvent der Jet (abréviation de : jet (air) liner, jet plane, jet = Düse, Strahl. Dans Taz (1995-2001) volent 474 Jets, 7 Düsenflugzeuge et 2 Düsenmaschinen.
Mais aucun de ces aéronefs n'apparaît dans le corpus nancéien. Y circule pourtant un avion supersonique, dont on peut supposer, vu ses performances, qu'il est à réaction : das Überschallflugzeug :
« Très caractéristique. Elle ne stopperait pas un avion supersonique en plein vol, mais presque. »(L. Malet, Des kilomètres de linceuls, p. 119)« Sehr auffallend, ja. Mit dem Gesicht kann man ein Überschallflugzeug in der Luft anhalten. » (Stoff für viele Leichen, p.107)
  
 

Avis de recherche

Die Suchanzeige disent Grappin, Sachs-Villatte et Pons, qui ajoute : (radiodiffusé,/télédiffusé) Suchmeldung. Suchanzeige est définie par le Deutsches Universalwörterbuch : « 1. Anzeige bei der Polizei, durch die diese veranlasst wird, jmdn., etw. zu suchen et aussi : 2. Anzeige in einer Zeitung, durch die jmd mitteilt, dass er etw. Sucht. » Mais il existe un autre avis de recherche, der Steckbrief : « [auf einem Plakat öffentlich bekannt gemachte, mit einem Bild versehene] Beschreibung eines einer kriminellen Tat Verdächtigten, durch die die Öffentlichkeit zur Mithilfe bei seiner Ergreifung aufgefordert wird. » Il va de soi que la traduction dépend de ce qu'on entend par avis de recherche :
« (…)les haut-parleurs crachotaient tous azimuts, mélangeant la poudre à lessive, les appels au calme et les avis de recherche, quand ils m'ont coincé » (J.-L. Benoziglio, Cabinet Portrait, p. 183)« die Lautsprecher plärrten in die Runde, vermischten das Waschpulver, die Aufforderung, Ruhe zu bewahren, und die Suchmeldungen - als sie mich erwischten, » (Porträt Sitzung, p. 182)
  
« Der bleiche Priester spitzte den Stift nach – jeder Steckbriefzeichner wäre von dieser Beschreibung entzückt. » (B. Kirchhoff, Infanta, p.115)« Le prêtre pâle tailla encore son crayon : tout dessinateur d'avis de recherche eût été enchanté de cette description. »(Infanta, p. 115)
  
 

Avis de tempête

Ce genre d'avis n'intéresse que deux dictionnaires, mais alors que Weis-Mattuttat ne donne que die Sturmwarnung, Sachs-Villatte propose aussi das Sturmsignal. On s'en contentera, car le corpus ne propose rien et l'unique exemple du Monde diplomatique (d'ailleurs intéressant car avis de tempête est pris au sens figuré) n'a pas de traduction allemande.
 

Axe de symétrie

Ce mot n'apparaissant ni dans le corpus, ni dans Le Monde diplomatique, on se reportera aux dictionnaires qui proposent une traduction. Celle-ci est die Symmetrieachse, même si Weis-Mattutat donne également die Schwerpunktachse.
 
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